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Critique de emmyne


emmyne
07 décembre 2011
Un conte plus subtil et dense qu'il ne peut paraître, d'une grande force évocatrice parce que s'inscrivant à la fois dans le réel par le biais du message écologique, dans l'universel par l'usage de l'anthropomorphisme, dans l'ornirisme par la légende. Il y a une transcendance dans cet album, il serait vraiment regrettable de le limiter à un discours didactique environnemental pour enfant parce qu'un personnage ourson, c'est touchant, le nounours d'enfance.

Ce qui m'a frappée dans cette lecture, c'est que justement, le mot qui me vient pour la définir est : multiple. Autant pour le public jeunesse que adulte, émouvante et parfois drôle par ses personnages, dure et inquiétante par son sujet, par la lutte nécessaire, dépassant ce sujet. Il n'est pas seulement question de la dégradation par l'homme d'un environnement naturel et de ses conséquences, cet album raconte aussi la transmission intergénérationnelle sans l'idéaliser, cette relation aux aînés, leur expérience et un certain regard sur le monde. le propos est profond sans tension, ni leçon, mais transmet à l'image du vieil ours Esquimo. Sans concession, ni facilité, il n'y a rien de puéril dans cette BD, on y voit autant la beauté que la laideur, la solidarité que la violence. La vie. L'éditeur qualifie cet album de " conte initiatique ". C'est parfaitement le cas, au plus près de la définition de conte et d'initiation.

Cet album est impressionnant par son équilibre : équilibre entre le discours et le récit, entre ce chaud des ours et le froid de la banquise, entre les scènes animalières et les scènes de confrontation avec les humains, un équilibre pour cet équilibre menacé que l'on retrouve dans le format à l'italienne - idéal pour ces paysages -, format entre album et BD, comme en témoigne le découpage dynamique des planches, la variété de perspectives et de dimensions, certaines en cases typiquement BD classiques, d'autres muettes, très expressives, qui relèvent plus de l'album.

Equilibre magistralement mis en évidence et en valeur par le dessin de Ana Miralles, un équilibre dans les portraits et postures des ours à la fois d'imagerie enfantine et d'un réalisme certain qui parvient à rendre le doux et la force. Tout dans le trait raconte cette sensibilité du texte de Emilio Ruiz sans en occulter la rudesse. Son travail de coloriste sur cet univers et ses personnages de blanc est une réussite. Sa palette décline la chaleur et la caresse du pelage, des tons plutôt vanille, les reflets, les effets de lumières sur la glace, des camaïeux de bleus et de roses. Les pages finales, une vision d'une aurore boréale, sont superbes. Elles sont celles de l'onirisme de ce récit et pourtant tellement jeunesse par la façon dont les expressions et positions de Waluk sont croquées, par ses tons vifs, éclatants. Une jolie émotion.
Les touches de couleurs, tranchées, des scènes avec les humains et leur monde, expriment tout le décalage entre les deux environnements. Des teintes qui ne sont pas criardes mais qui parviennent à faire ressentir comme une agressivité. Oui, on se sent agressé par les machines et des déchets de consommation répandus qui apparaissent sur les pages, sur ces blancs délicats.

C'est pourquoi, je suis si déçue par la couverture de l'édition française qui ne fait pas honneur à cette BD. Je la trouve même trompeuse parce que trop enfantine. Waluk ne se lira pas avant 8-9 ans.



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