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Critique de Ingannmic


Fin du XIXème siècle...
A l'occasion d'un séjour dans une ville d'eaux des Pyrénées où il se rend davantage pour satisfaire aux usages mondains que pour traiter d'éventuels maux, le narrateur, journaliste, se distrait de son horreur de la montagne en observant ses pairs...

"Les 21 jours d'un neurasthénique" se présente ainsi comme une suite d'anecdotes dressant le portrait de bourgeois, ministres, médecins, aristocrates, succession de courts contes cruels mettant en scène les travers de ses contemporains.

Dire que l'auteur porte sur ces derniers un regard cynique est un euphémisme... la fatuité des uns, la mauvaise foi des autres, la misère cachée, les tares, les manies, les obsessions, sont révélées à l'occasion d'épisodes tantôt rocambolesques, tantôt dramatiques, voire atroces, mais toujours assaisonnés d'un humour empruntant à l'ironie, à la grandiloquence ou la caricature, le narrateur simulant pour les victimes de sa plume éreintante une admiration ou une empathie qui rendent son propos d'autant plus grinçant.

La bourgeoisie, la classe politique, le clergé, l'armée... aucun milieu n'est épargné par l'irrévérencieuse acuité de son regard. Et malgré la drôlerie qu'il instille à ces historiettes, le lecteur est atterré par le tableau amer et désespéré qu'il dresse de la société et de ses concitoyens. Une société inique, corrompue, dont les institutions sont aux mains d'individus sans scrupules ni valeurs, convaincus de leur supériorité, et qui au nom d'un soi-disant patriotisme appelé à défendre la grandeur de la France, s'enrichissent et satisfont parfois leurs plus vils désirs aux dépens des plus faibles.

Le peuple victime de cette injustice n'échappe pas à cette sévère analyse, dépeint comme une dupe se laissant trop facilement fourvoyer, éblouir par la faconde rusée et malveillante que les puissants dissimulent derrière une fausse bonhomie pour mieux les abuser, quand ils ne font pas appel au pire des chantages ou des menaces pour extorquer à "leurs pauvres" le peu qu'ils possèdent encore.

En découvrant après ma lecture d'autres avis sur ce roman, j'ai appris qu'il était la juxtaposition d'une cinquantaine de textes qu'Octave Mirbeau avait publié dans la presse... je comprends mieux l'aspect décousu que certains reprochent à ce titre. En ce qui me concerne, cela ne m'a pas gênée, j'ai même trouvé que cela conférait au récit une sorte de dynamique rythmant agréablement la lecture... tout comme le caractère parfois un peu désuet de son écriture, associé à son élégance et sa cocasserie, le dote d'un charme incontestable !
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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