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Critique de andman


Deuxième opus de la tétralogie de Mishima, « Chevaux échappés » débute en 1932, alors que la grande dépression mondiale fait sentir ses effets désastreux sur l'ensemble des économies développées. le Japon avec un taux de chômage à 20% n'est pas épargné.
Depuis le début de l'ère Hirohito six ans plutôt, le Japon connaît une grande instabilité politique et l'assassinat du Premier ministre Inukai le 15 mai 1932 par des officiers de marine est un coup terrible pour la jeune démocratie nipponne. Bien qu'ayant échouée, cette tentative de coup d'état marque la montée en puissance de l'armée dans les affaires du pays.

C'est dans ce contexte économique et politique particulièrement inquiétant que nous retrouvons Honda à l'âge de 38 ans au poste de conseiller à la Cour d'Appel d'Osaka. Rappelons qu'Honda était, vingt ans plutôt, l'ami de feu Kiyoaki Matsugae le personnage principal du premier opus « Neige de printemps ».

Alors qu'il assiste à un tournoi de kendo organisé lors d'une fête de printemps, il est subjugué par la fougue d'un des combattants, Isao Iinuma, dont la beauté lui rappelle son ami de jeunesse Kiyoaki.
Bien que de nature cartésienne, Honda s'est depuis longtemps senti attiré par les anciennes lois indiennes de Manu qui donnaient une importance particulière à la réincarnation. Honda en est sûr : Isao est, à son insu, Kiyoaki réincarné.

Quelque mois plus tard Honda apprend, stupéfait, l'arrestation et l'inculpation d'Isao et de onze comparses pour tentative d'assassinats sur douze personnalités japonaises éminentes. Ces capitaines d'industrie, ces banquiers, ces hommes politiques sont coupables aux yeux des conspirateurs d'être des capitalistes dépourvus de tout loyalisme national.
Une dénonciation a empêché les assassinats in extremis.

A la surprise générale Honda démissionne de son poste à la Cour d'Appel et devient l'avocat de celui qu'il pense connaître mieux que quiconque. Endossant cette fois le rôle de la défense, arrivera-t-il à sauver de la prison ces jeunes terroriste épris de pureté qui avaient projeté de se donner la mort par seppuku sitôt les assassinats à l'arme blanche accomplis ?

Chacun connaît la fin tragique de Mishima en novembre 1970.
« Chevaux échappés » écrit un an plus tôt s'apparente à un testament. La genèse de son suicide dans la pure tradition samouraï y est relatée dans un style littéraire forçant l'admiration.
S'il est un écrivain qui s'est identifié de façon radicale à un de ses personnages de roman, c'est bien Mishima !
Son jeune héros Isao endosse l'habit d'un ultranationaliste vénérant Sa Majesté Sacrée l'empereur, de surcroît son patriotisme jusqu'au-boutiste allie la conformité de la pensée et de l'action.
Au Président du tribunal qui lui demande si le patriotisme ne peut pas rester simplement une foi, Isao se référant au philosophe chinois Wang Yang-Ming répond : « Savoir et ne pas agir, ce n'est pas encore savoir ».
Puis, comme si Mishima lui-même voulait se justifier devant l'Histoire, l'écrivain fait dire à son personnage : « Telle est la philosophie que je me suis efforcé de mettre en pratique ».
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