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Critique de ElizaLectures


-- Attention : avis sur les 3 tomes --

Scarlett O'Hara est un pur produit du Sud : fille d'un planteur irlandais qui a fait fortune lui-même, elle est issue du côté de sa mère d'une famille parmi les plus nobles de Savannah. Mais elle est loin de se ressembler à sa mère, la douce Mrs Helen, généreuse et charitable, qui a essayé d'élever ses trois filles dans les mêmes valeurs. Scarlett tient beaucoup plus des O'Hara avec son caractère volontaire et entêté et son attachement viscéral à Tara, leur plantation. À seize ans, elle est la reine du comté : capricieuse et mutine, elle attire tous les hommes autour d'elle quand cependant elle est secrètement amoureuse du seul qui ne la regarde pas, le bel Ashley Wilkes. Car Ashley vient d'annoncer ses fiançailles avec sa cousine Mélanie, la terne et triste Mélanie…

La vie indolente du Sud, rythmée par les chants des esclaves dans les plantations de coton, faite de bals et de barbecues où les grandes familles de Géorgie s'invitent à tour de rôle, est un âge d'or pour toute une génération. Aussi lorsque la guerre (que l'on n'appelle pas encore « de Sécession ») éclate, elle n'est d'abord qu'un moyen de plus pour les jeunes gens du comté de prouver leur bravoure. Après tout, ils sont si sûrs de gagner, il est temps de donner une bonne leçon à tous ces rustres du Nord. Mais leur dévouement et leur attachement à la Cause de la Confédération ne peuvent rien contre les canons des Yankees. La liste des morts s'allonge, les combats s'éternisent, le Sud est en proie aux flammes et aux razzias des soldats nordistes. C'est toujours dans les périodes les plus sombres qu'apparaissent des opportunistes prêts à se ranger d'un côté ou de l'autre pour faire fortune, et ainsi apparaît Rhett Butler, fameux "forceur de blocus", aventurier coureur, bien qu'issu lui aussi d'une grande famille de Charleston.

Scarlett, Ashley, Rhett, Mélanie : ces quatre personnages sont les piliers du roman et des liens inextricables se créent entre eux tout au long de l'histoire. Aucun de ces personnages n'est vraiment ce qu'on pense d'eux au début du roman. C'est tout le talent de l'auteur que de nous amener à aimer, admirer ou mépriser l'un ou l'autre tour à tour. Scarlett, malgré ses airs de peste, révèle une force de caractère qui seule lui permet de survivre à l'enfer qu'est devenu le Sud pendant et après la guerre. Elle connaîtra la misère, la faim et la honte, elle sera autoritaire, dure, sans scrupules, mais avec une seule idée en tête – défendre sa terre, défendre Tara – elle remontra au sommet. Mais à quel prix ?

Ashley perd peu à peu aux yeux du lecteur l'aura que lui donne l'amour de Scarlett. Il est homme du Sud, homme du passé, et incapable de trouver ses repères ni sa place dans ce nouveau monde. Mais plus que tout, se découvre une lâcheté et une mollesse vis-à-vis de Mélanie et de Scarlett qui me l'a rendu vite antipathique. Mélanie de son côté est un ange. Dévouée à Scarlett corps et âme lorsque celle-ci les sauve, elle et son bébé, de l'incendie d'Atlanta, elle voit toujours le bien chez les autres et soutient Scarlett envers et contre tout. Enfin, Rhett, aussi désinvolte que Scarlett est égoïste, révèle peu à peu une personnalité bien loin de la réputation de spéculateur qui le précède dans toute la Géorgie. Mais pourquoi, pourquoi faut-il donc attendre les dernières pages, terribles, pour que Scarlett ouvre enfin les yeux sur cet homme ? Après des années d'une relation où l'orgueil le disputait à la fierté de ne pas se laisser dominer, ces deux étincelles se sont croisées sans que le feu prenne, faisant le malheur de l'un, puis de l'autre.

La galerie des personnages secondaires n'est pas en reste, entre les domestiques noirs, les familles O'Hara et Wilkes, les douairières d'Atlanta, l'auteur nous régale d'une société foisonnante, qui se reconstruit tant bien que mal sur les ruines de la civilisation sudiste. Évidemment, il est difficile aujourd'hui de lire ce livre sans être choqué par la manière dont sont évoqués les Noirs, qu'ils soient domestiques de maison, esclaves dans les plantations, ou affranchis. Mais pour nous Européens, c'est souvent bien difficile d'appréhender ce qu'était vraiment la ségrégation et on en voit ici les racines les plus profondes : l'idée forte que les personnes de couleur étaient plus proches des enfants que des hommes. Cela n'empêche pas l'existence de sentiments d'amitié et de loyauté des deux côtés.

Un monument à lire absolument !
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