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Critique de lebelier


Pendant la guerre sino-japonaise en 1938, à Tokyo,un quatuor à cordes composé de trois Chinois et d'un Japonais répète un quatuor de Schubert. Des soldats interviennent, voyant d'un mauvais oeil cette amitié entre Chinois et Japonais. Parmi eux, le capitaine Kurokami, passionné de musique mais aussi des brutes dont l'un d'eux brise le violon Nicolas François Vuillaume de 1857 et fabriqué à Mirecourt dans les Vosges. Rei Mizusawa, le fils du violoniste Yu qui possède l'instrument est témoin de cette scène depuis le fond d'une armoire où il s'est réfugié. Témoin sonore s'entend. le capitaine, désolé, tend à l'enfant le violon brisé. Deux âmes brisées : celle de l'enfant qui voit son père embarqué par la soldatesque et celle du violon précieux et rare. Dès lors, l'enfant, Rei, adopté par un Français, devient Jacques Maillard et n'aura de cesse de reconstruire le violon mutilé parallèlement à sa propre reconstruction psychologique. Il étudie à Crémone puis à Mirecourt où il rencontre sa future femme. Une suite de rencontres de musiciens dont une violoniste célèbre, petite-fille du capitaine mélomane, achèvera et même sera l'apogée de son oeuvre de luthier. le hasard a voulu que sa femme, Hélène soit archetière, l'objet qui permet au violon de chanter en le touchant. le violon et Rei/Jacques ne sont qu'un, lourds symboles d'un passé sombre. l''instrument enfin reconstruit dans les années quatre-vingts sera l'occasion de faire resurgir le passé, de rencontrer Yanfen au Japon à l'article de la mort. Elle lui donne les derniers vestiges de son passé.
C'est l'histoire de la musique, vecteur d'émotions et de rencontres exceptionnelles. L'instrument permet de faire le lien entre les différentes périodes de la vie de Rei/Jacques. Il est à noter que le style de Mizubayashi est ciselé, précis, avec des mots assez rares. C'est, à mon sens, un des rares auteurs à savoir transcrire la musique en mots :

« Les aigus sonnaient comme une longue enfilade de gouttes d'eau pure versées par un ciel bas et tourmenté, étincelant aux premiers rayons du soleil pénétrant obliquement les feuillages verdoyants d'une forêt boréale luxuriante, tandis que les médiums et les graves étaient comme ouatés, glissant sur une étendue de velours, suscitant une impression de chaleur intime émanant d'une cheminée de marbre restée allumée toute la nuit. »

Un moment de lecture exceptionnelle d'un roman d'une grande cohérence et c'est assez unique pour être ici souligné.
Mizubayashi serait-il notre Ishiguro?

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