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sur 2047 notes
Au début du roman deux histoires se côtoient.
Dans la première, quatre musiciens amateurs, trois étudiants chinois restés au Japon malgré l'animosité croissante entre les deux pays depuis l'incident de Mandchourie en 1931, et un japonais Yu accompagné de son fils Rei, épris de musique classique occidentale, répètent au Centre culturel de Tokyo, en 1938. Soudain, irruption de soldats. Yu enjoint à son fils de se cacher rapidement dans une armoire. Rei, par le trou de la serrure assiste à la scène...
Dans la deuxième, nous entrons dans la vie d'un couple Jacques et Hélène, lui luthier et elle archetier. Ils se sont connus en 1950 à Mirecourt, petite ville des Vosges et capitale de la lutherie française.
Le lien de la musique est évident, mais apprendre ensuite que Jacques est Rei m'a surprise! Rei, cet enfant de 11 ans a assisté de sa cachette à l'arrestation de son père et de ses trois amis. le lieutenant Kurokami ne l'a pas dénoncé lorsqu'il l'a découvert et lui a même remis le violon de son père, détruit par un militaire.
J'ai été littéralement charmée et envoûtée par ce roman écrit tout en délicatesse. Mais la poésie des mots qui accompagne le roman n'empêche pas Akira Mizubayashi de nous faire ressentir ce que l'humanité peut receler de cruauté, notamment en période de guerre. Il fait ici référence à la politique expansionniste de l'Empire japonais et il n'oublie pas de parler du monstrueux champignon d'Hiroshima et du bombardement de Tokyo le 10 mars 1945.
De plus, La culture japonaise est bien mise en valeur comme sa cuisine, et cela participe à notre plaisir. Souvent, mais pas trop, des mots japonais sont insérés et permettent de mieux s'imprégner de l'ambiance.
J'ai découvert aussi, grâce à ce roman, que Mirecourt était la ville de Jean-Baptiste et Nicolas-François Vuillaume, célèbres maîtres luthiers et que le pernambouc, arbre qui ne pousse qu'au Brésil, servait à fabriquer les archets.
Lors des dialogues entre les membres du quatuor, est abordé également le sujet des nuances existant entre les langues. Yu s'exprime ainsi : "Je pense que pour Philippe, la langue, en l'occurrence le français, est un bien commun que ses usagers partagent équitablement. Les relations sociales de supériorité et d'infériorité ne sont pas encastrées dans la langue... comme dans le cas du japonais ". La littérature et la musique sont les pièces maîtresses de ce magnifique roman. Ce sont grâce à ces deux formes d'art que Rei va arriver à dépasser l'énorme blessure que la vie lui a infligée.
Avec ce roman, l'auteur a réussi de façon magistrale à nous faire ressentir au plus profond de nous-mêmes, que nous l'ayons déjà vécu ou pas, ce que pouvait être la perte d'un être cher, le déracinement et l'oubli impossible à faire. J'ai lu ce roman d'une seule traite tant j'ai été happée par cette écriture si poétique. Je me suis laissée emporter par cette émouvante recherche du père, sublimée du début à la fin par la musique.
Âme brisée est un titre à double évocation. C'est en effet l'âme du violon de Yu qui est brisée, (L'âme du violon étant la petite pièce de bois interposée, dans le corps de l'instrument, entre la table et le fond, les maintenant à la bonne distance et assurant la qualité, la propagation comme l'uniformité des vibrations), ce qui va briser l'âme de son fils Rei.
Ce roman, découvert dans le cadre des Explorateurs de la rentrée littéraire 2019 de Lecteurs.com, s'apparente à une véritable mélodie où les émotions foisonnent et m'a profondément bouleversée, parfois jusqu'aux larmes. Un bijou à lire absolument et à relire...
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Cette fiction est un concentré d'émotions, d'amour de la musique, d'élévation des sentiments, de luminosité, d'amour des animaux. J'ai été bouleversée, touchée, par l'écriture d'Akira Mizubayashi. L'auteur m'a transportée dans le monde de la Beauté et dans cette période, c'est un baume, une vision optimiste de l'humanité malgré le drame qui sert de point de départ à ce récit et qui est un véritable réquisitoire contre la guerre et ses ravages.

D'une poésie à couper le souffle, j'ai ressenti la même plénitude, la même intensité émotionnelle à la lecture de « L'éternité n'est pas de trop » de notre François Cheng national. L'écriture est belle, fluide, classique et respectée comme seules les personnes étrangères, amoureuses de notre langue, savent le faire. L'auteur écrit directement en français. Sa plume nous tire les larmes des yeux tant la beauté et la symbolique de certains passages évoquent, pour certains d'entre nous, des moments connus, des similitudes de souvenirs peuvent alors s'échanger entre l'auteur et le lecteur. D'ailleurs ce livre est dédié « A tous les fantômes » ! « La musique était tellement incarnée qu'elle possédait la puissance de rappeler les âmes du royaume des morts » (page 223).

Le Japon est en guerre de 1937 à 1945 et a envahi la Chine. le récit s'ouvre sur un beau dimanche ensoleillé en 1938, dans le centre culturel municipal de Tokyo. Un quatuor à cordes entame la répétition en la mineur opus 29 de Schubert dit Rosamunde. Soudain des bruits de bottes se font entendre, Yu Mizusawa fait signe à son petit garçon de 11 ans en train de lire, de se cacher dans une armoire. Rei obéit, prend son livre et ferme la porte de l'armoire. L'un des soldats violente son père et lui arrache son violon qu'il va briser sous les yeux de l'enfant qui regarde par le trou de la serrure. le lieutenant Kurokami, grand mélomane, arrivant après l'agression, découvre la cachette de l'enfant qu'il ne trahira pas et une fois la salle vide, désolé, confiera le violon détruit à Rei dans son armoire. L'enfant ne reverra plus son père.

A cet instant, le traumatisme psychologique subi par l'enfant le projette dans un sentiment d'abandon, de solitude. Sa vie s'arrête. Rei se retrouve seul avec le violon de son père totalement saccagé. C'est un Nicolas François Vuillaume de 1857 sur lequel Yu a interprété une dernière fois La Gavotte en rondeau de Bach. le lecteur peut imaginer facilement la charge symbolique qu'incarne l'instrument qui restera la personnification de son père.

Le titre de cette fiction nous renvoie à la petite pièce en épicéa essentielle à la propagation du son d'un instrument à corde. Sous l'impact de la douleur traumatique, l'Ame du violon comme l'Ame de Rei se sont brisées devant l'horreur.

C'est l'histoire d'une reconstruction et d'une résurrection sur plus de cinquante ans. Rei et le violon marcheront de concert si j'ose m'exprimer ainsi. Rei tout en restaurant le violon, restaure sa propre personnalité et ainsi jusqu'à une fin heureuse ou les destins croisés de quelques personnes permettront à Rei de reconstituer le puzzle de sa vie depuis ce drame où son âme a explosé jusqu'à la guérison de celle-ci. « le temps de défossilisait , recommençait à trembler » la vie s'était comme arrêtée sous la violence du traumatisme, et sous la musique, elle reprenait son souffle.


On ressent l'humanisme de l'auteur dans cette fin qui jette un regard positif sur l'humanité. Certes l'être humain peut se montrer cruel, d'une noirceur profonde, mais Akira Mizubayashi se veut attentif à la beauté des êtres dans toutes leurs manifestations et c'est un véritable remède qu'il partage avec son lecteur.


Dans cette fiction, j'y ai vu l'Art contre la barbarie. Comment la musique, langage universel, abolit les frontières du temps et de l'espace, survole les continents, en donnant vie à l'âme d'un disparu par le truchement de la filiation, de la fidélité, de la beauté des gestes. Il y a aussi de très belles pages sur la lutherie et l'archèterie. « Dès lors, son art de luthier, celui de rendre les sons de l'âme, de la vie intérieure, de la plus noire mélancolie comme de la joie la plus profonde à travers les instruments qu'il fabriquait ».

Marcel Proust fait même une petite apparition dans « la madeleine de ce petit garçon » devenu septuagénaire « un bol de riz mélangé à un oeuf cru ».

Akira Mizubayashi doit vivre la musique du plus profond de son être pour écrire des pages sublimes sur « A la mémoire d'un ange » du concerto de Berg dédié à la fille d'Alma Malher. La trame du livre s'appuie sur Schubert et Bach « Gavotte en rondeau » et se décompose en chapitre dont les dénominations s'apparentent à un morceau de musique.

Je ne suis pas musicienne, plutôt mélomane en toute humilité. Après la peinture, je ne voulais pas quitter le monde de la création et l'histoire de ce violon m'a séduite. Ce livre parle à toutes celles et ceux qui sont sensibles à l'Art, qui perçoivent les messages en premier lieu avec leur coeur et ensuite avec leur intellect afin de pouvoir se plonger dans l'intimité de l'auteur, recevoir celle-ci. Je ne remercierai jamais assez les artistes pour le bonheur qu'ils nous procurent en contemplant, en écoutant, en lisant leurs oeuvres chacun de nous avec sa sensibilité, son inclination.

« Face à la musique de Schubert, les larmes coulent sans questionner l'âme auparavant, puisqu'elle se précipite sur nous avec la force même de réalité sans le détour de l'image. Nous pleurons sans savoir pourquoi ; parce que nous ne sommes pas encore tels que cette musique nous promet d'être mais seulement dans le bonheur innomé de sentir qu'il suffit qu'elle soit ce qu'elle est pour nous assurer qu'un jour nous serons comme elle ». Théodor W. Adorno
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Cet ouvrage qui, sans aucun doute, m'a le plus ému et émerveillé depuis le début de cette année, associe une intrigue captivante, des personnages attachants et une écriture ciselée.

L'âme d'un instrument à cordes est une petite pièce de bois interposée, dans le corps de l'instrument, entre la table et le fond, qui les maintient à la bonne distance et assure la qualité, la propagation comme l'uniformité des vibrations.

Ame brisée est l'histoire du violon de Yu Mizusawa, un intellectuel japonais, dont l'instrument, victime de la soldatesque nippone en 1938 à Tokyo malgré l'intervention du lieutenant Kurokami, est emporté par son jeune fils Rei.

Qu'advient-il de Rei et de sa famille à l'issue du conflit mondial conclu par une bombe atomique sur Hiroshima ?
Que devient ce violon, ou plutôt ses restes ?
Comment arrive-t-il en Lorraine à Mirecourt, chez Jacques et Hélène Maillard, un couple d'artisans luthiers experts en restauration d'instruments anciens ?
Par quel miracle Midori Yamazaki, petite fille de Kenzo Kurokami, hérite-t-elle de ce violon ?

Akira Mizubayashi, écrivain japonais écrivant en français, nous offre cette oeuvre en quatre mouvements rythmés par le Quatuor à cordes en la mineur opus 29 "Rosamunde" de Franz Schubert, La Gavotte en rondeau, Partita n°3 en mi majeur de Jean-Sébastien Bach et le Concerto à la mémoire d'un ange d'Alban Berg.

Roman magnifique, aussi bouleversant qu' « Opus 77 » d'Alexis Ragougneau, écrit d'une plume sensible et élégante, étayé par une double culture, c'est un hymne à la paix et à la culture. A lire et à relire !
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En 1938 à Tokyo, Yu, professeur d'anglais et violoniste amateur, est arrêté sous les yeux de son fils de onze ans, Rei, au beau milieu d'une répétition musicale avec trois de ses étudiants chinois restés sur place malgré la guerre sino-japonaise. Rei grandira sans son père, avec deux souvenirs particulièrement obsédants datant de ce jour-là : le violon paternel brisé, et la vaine tentative d'intercession d'un officier mélomane nommé Kurokami.


Ecrit dans un français impeccable par un Japonais de souche, le texte possède un je ne sais quoi d'étrange et de déroutant, issu tant du style que de l'histoire : mi roman réaliste, mi conte féerique, le récit qui pourrait sembler idéaliste et naïf en raison des destins tout à fait improbables de ses personnages très lisses, presque trop « parfaits » dans leurs rôles, emporte le lecteur par son indéniable charme et par l'esthétisme de sa symbolique.


A l'oppression martiale et au bellicisme nationaliste, mais aussi à la rigidité hiérarchique de la société japonaise, l'auteur oppose l'universalité de l'émotion musicale et de la beauté, la puissance de l'amitié et de l'amour, la fidélité de la mémoire et l'inextinguible attachement à ses racines, enfin tout ce qui constitue l'âme humaine et que Rei s'obstine à faire refleurir en consacrant sa vie à la lutherie et à la résurrection d'un violon détruit par obscurantisme.


Certes idéalisé et non exempt de quelques clichés, ce roman est une jolie parabole dont le charme séduit volontiers, une ode à la musique où l'âme humaine se confond de bonne grâce avec celle prêtée par les luthiers à leurs plus beaux instruments.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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C'est avec un peu de retard que je me suis attaqué à ce roman de l'écrivain japonais Akira Mizubayashi, couronné par le Prix des Libraires 2020.

L'âme qui se retrouve brisée est celle du violon de Yu Mizusawa, à Tokyo, en 1938. Ce dernier avait osé jouer une oeuvre de Schubert en compagnie de trois étudiants chinois restés au Japon malgré les prémices de la guerre sino-japonaise. En entendant le bruit des bottes des militaires entrant dans le centre culturel municipal de Tokyo, Yu a le réflexe de cacher son fils Rei, âgé de 11 ans, dans une armoire. Par le trou de la serrure, le gamin voit les soldats fracasser le violon de son père et embarquer le quatuor. Quelques instants plus tard, le lieutenant Kurokami, grand mélomane, découvre la cachette de l'enfant, mais ne trahit pas sa présence et lui confie même les débris de l'instrument de son père…

« L'âme brisée » est l'histoire d'une reconstruction. Celle d'un gamin qui mettra toute sa vie à comprendre les aboutissants de cet évènement tragique qui le sépara à jamais de son père, mais également celle d'un luthier qui vouera toute sa vie à la restauration d'un violon pourtant jugé irrécupérable. Un roman sur le déracinement, sur les origines et sur la musique qui traverse les époques et véhicule les émotions au-delà des guerres…

Si l'auteur nippon, tombé amoureux de la langue française au point d'écrire celui-ci directement en français, livre un roman classique au style simple et dépouillé, il ne délaisse pas pour autant ses origines et baigne son oeuvre dans la poésie et la délicatesse de la culture japonaise. Malgré le déchirement provoqué par la scène initiale et la noirceur qui entoure toute guerre, Akira Mizubayashi demeure positif tout au long du récit et ne s'attarde pas trop sur les fausses notes de l'humanité…
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Âme brisée - Akira Mizubayashi - Roman - Éditions Folio - Lu en septembre 2022.

"A tous les fantômes du monde"

L'âme, qu'est-ce exactement ?
Les objets ont-ils une âme ?
Qu' est-ce que l'âme d'un violon ?

L'âme humaine, esprit, conscience, elle est immatérielle
L'âme d'un violon, elle, est bien matérielle, c'est l'ultime petite pièce de bois que le luthier va placer au coeur de l'instrument, c'est elle qui va donner au violon sa sonorité, ses vibration, son âme.

Et donc, oui, certains objets ont une âme, j'y crois.

Dans son magnifique roman, Akira Mizubayashi nous raconte l'histoire de ce violon fracassé, de son âme brisée par les bottes d'un soldat japonais sous les yeux apeurés d'un petit garçon chinois que son père a eu le temps de cacher dans une armoire avant le drame.

Nous sommes à Tokyo, en 1938, dans un centre culturel où quatre musiciens chinois sont réunis pour une répétition. Parmi ces quatre violonistes, le père du petit Rei.

L'animosité des Japonais vis-à-vis de la Chine commence en 1931 lorsque le Japon envahit la Mandchourie.

Le père de Rei ne reviendra jamais de son arrestation par des soldats japonais ce dimanche 6 novembre 1938.

"... mais la guerre m'a privé de toute ma famille, c'est-à-dire de mon père ... puisque ma famille n'était composée que de mon père. Nous n'étions que deux" page 154

Le petit Rei sera adopté par un ami de son père et son épouse, des Français, ami qui est aussi le parrain de Rei.

Et ce petit bonhomme tout perturbé va se retrouver propulsé en France où il vivra dans cette nouvelle famille qui l'aime et l'entoure au mieux.

Mais Rei restera sa vie durant dans le questionnement, il deviendra maître luthier et réparera au fil des ans le violon de son père afin de lui rendre son "âme" et il y arrivera. le violon de son père revivra grâce à la petite-fille du soldat japonais qui sachant que le petit garçon était dans l'armoire, ne l'a pas dénoncé et lui a remis l'instrument brisé dans les bras.

L'auteur m'a envoûtée par son écriture tout au long du parcours de Rei, par les rencontres qui ont permis à cet enfant de se relever d'un traumatisme violent. Il avait déjà perdu sa mère très jeune.

Je suis entrée dans l'atelier d'un luthier, métier de passion que j'ai découvert, un métier qui rend vie aux âmes brisées des violons.

C'est aussi une histoire de résilience, la guérison de l'âme blessée d'un petit garçon.

C'est un livre magnifique, plein d'émotion !

Merci Monsieur Akira Mizubayashi.
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En ce dimanche après-midi de novembre 1938, Yu, professeur d'anglais, se rend au Centre Culturel pour répéter. Son fils, Rei, l'accompagne. Là, ils retrouvent trois jeunes musiciens chinois. Tandis que le groupe sino-japonais s'entraîne, le jeune collégien, lui, lit tranquillement tout à côté. Tout à coup, des bruits sourds de pas et des voix d'hommes se font entendre. La musique de Shubert s'arrête. Yu se précipite vers son fils, lui sommant de se cacher dans l'armoire. Des militaires font bruyamment irruption dans la salle et s'étonnent de voir des chinois ici. Aussitôt, ils soupçonnent Yu d'être un communiste et de pactiser avec l'ennemi. Fou de rage, l'un d'eux va jusqu'à détruire son violon... Parce que le Quartier Général veut interroger tous les supects, le groupe est escorté là-bas. Rei qui, depuis sa cachette, a assisté à toute la scène et a échappé de peu au même sort grâce à un soldat, ne se doute pas que c'était la dernière fois qu'il voyait son père. Seul vestige de celui-ci, son violon brisé...

Un violon brisé, tel est le fil conducteur de ce roman. Mais quel lien entre le jeune Rei, dans le Japon des années 30, et Jacques, luthier en France qui redonne vie et âme aux violons blessés ? Si le début du roman est prometteur, la suite oscille entre déceptions, déconvenues et hasards qui font bien les choses. le tout manque de profondeur, de sensibilité, d'émotions, les dialogues sont plats et creux, les situations trop convenues et les personnages un peu trop lisses. Cela est-il dû au fait que Akira Mizubayashi ait écrit ce roman en français ? Toujours est-il que l'on est déçu, une fois la dernière page tournée, tant le sujet promettait et n'a pas été exploité plus en profondeur (notamment la guerre, la transmission, les origines, le déracinement...).
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Un auteur japonais et une thématique autour de la musique, je suis bien loin de mes lectures habituelles.
Il s'agit d'une belle histoire et d'un parcours de vie passionnant, d'un récit habilement construit qui fera vibrer les cordes les plus sensibles et de cordes il en sera d'ailleurs question.
Le résumé est malheureusement un peu bavard puisque révélant un bon quart du récit, cela-dit ce qu'il reste à découvrir est bien plus important, nous allons voyager au propre comme au figuré, voyager dans le temps et en pensée au son de la musique classique, voyager culturellement aussi.
Nous allons apprendre des choses sur la musique et les instruments de musique, sur le métier de luthier, l'auteur nous invite ici à ressentir une sensibilité propre au monde des musiciens, et il le fait avec virtuosité.
Il sera aussi question d'une quête intime et personnelle qui ne laissera pas le lecteur indifférent, la recherche d'une vie, celle qui vous construit en avançant et vous donne force et espoir jusqu'au but final.
Une quête obsessionnelle commencée enfant et qui s'apparente à la recherche du graal.
J'ai aimé cette lecture pour la sensibilité omniprésente tout au long du récit, pour la somme des choses apprises qu'elles soient culturelles, techniques ou historiques mais aussi pour sa justesse de ton que certains trouveront peut-être trop pudique.
Il me reste à remercier Martine (alias enjie77) dont le billet inspiré m'a permis cette belle découverte.
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Roman musical et nostalgique, empreint de douceur et de mélancolie, sur les thèmes éternels de la quête des racines et de ces épisodes de la vie qui constituent les fondations de nos existences.

Tout commence en 1938, au Japon, alors que les relations avec la Chine se sont détériorées. Un quatuor à cordes répète Rosamunde de Schubert peinant sur le premier mouvement. Rei, le fils de Yu, écoute d'une oreille distraite, plongé dans une lecture qui l'absorbe. Des militaires ont irruption dans le centre culturel et tel le petit chevreau du conte de Perrault, Rei assiste à l'arrestation de son père et à la destruction absurde de son violon. Deux âmes brisées. Avant que la scène dramatique ne s'achève, l'un des militaires restitue à l'enfant l'instrument massacré.

Des années plus tard, à Paris, Jacques exerce son art dans son atelier. Il tente de redonner leur perfection à des instruments déréglés ou usés, lorsqu'une amie l'informe que la jeune femme qui a gagné le premier prix du Concours international de violon se nomme Midori Yamazaki, un nom certes commun au Japon, mais tout de même dans ce contexte, évocateur d'un passé enfoui.


Les indices semés au cours du récit sont suffisamment évidents pour que l'on devine la suite, les retrouvailles, les mystères résolus et les failles de la mémoire comblées.

Il est recommandé de prévoir la bande-son du quatuor, ainsi que de la Gavotte en rondeau de Bach pour accompagner la lecture. Lire les caractéristiques et l'évocation du sublime d'un extrait musical n'est pas suffisant, à moins de le connaitre déjà par coeur.

C'est court et même sur le petit nombre de pages, de nombreuses redites, à chaque fois qu'un personnage fait le point, contribuent à une impression de dilution du récit.


L'histoire ne peut qu'être émouvante, portée par une écriture aussi mélodieuse que les oeuvres évoquées. On regrette cependant que le récit ne soit pas un peu plus étoffé.

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1938, le Japon a envahi la Mandchourie. Dans un centre culturel à Tokyo, un quatuor à corde sino-japonais répète l'opus 29 en la mineur de Franz Schubert, « Rosamunde ». Yu, premier violon, n'a que le temps de cacher son fils Rei dans une armoire lorsque les militaires japonais viennent appréhender les quatre musiciens. Un officier dirigeant le commando, découvre le jeune Rei dans sa cachette. Il n'en souffle mot, mais lorsqu'ils s'en vont tous, le jeune garçon est désormais orphelin…
S'il existe une littérature Feng-Shui, Akira Mizubayashi en est l'un des plus remarquables artisans. Son écriture claire, épurée est confondante de sobriété. L'auteur ne s'embarrasse d'aucune fioriture, d'aucun effet de style, il va à l'essentiel. La poésie de son texte nous transporte à travers une histoire triste mais qui, grâce à la pureté des mots d'Akira Mizubayashi, ne sombre jamais dans l'hystérie de la tragédie shakespearienne, ce qui participe à la beauté unique de ce texte.
Il nous emmène dans un voyage à travers le temps, où les disparus prématurés vont être les héros fantômes qui vont faire triompher le travail de mémoire de Rei allias Jacques Maillard, luthier. C'est une histoire sur le souvenir, élixir de jouvence pour que nos défunts acquièrent l'immortalité.
« Âme brisée » est un magnifique roman, léger, admirable, merveilleux, à consommer sans aucune modération.
Editions Gallimard, Folio, 259 pages.
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