Dans ce manga, Shigeru Mizuki retrace la vie d'Hitler. Il prend le temps de se concentrer sur le stratège qu'était Hitler avec une mise en avant de ses décisions de chef de guerre – qui le mèneront à sa perte.
Mais Hitler est aussi représenté comme risible, presque caricatural, avec un côté quasi burlesque dans ses expressions et ses gestes. Représentation volontaire d'un homme dont les tenants et les aboutissants de ses actes sont aussi troubles que sa personnalité. Un évènement reste cependant en suspens ici : les camps de concentration. Shigeru Mizuki laisse cette partie de l'Histoire de côté – seules deux mentions en sont faites au tout début et à la toute fin. Cela s'explique peut-être par la date de parution originale du manga, 1971, où le recul sur ces crimes n'était pas aussi net que celui que l'on a aujourd'hui.
Impression étrange, donc, notamment dans les dernières pages où les corps brûlés d'Hitler et d'Eva Braun sont mis en miroir avec l'amas de corps juifs anonymes. Peut-on mettre au même niveau bourreaux et victimes ? Quelque peu déconcertant, il s'avère que ce parallèle n'est pas à comprendre d'un point de vue individuel mais d'un point de vue historique où, nous dit l'éditeur, « le charnier de l'Histoire engloutit les victimes et leurs bourreaux » . Fin justifiée donc.