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Critique de lilylitblog


La démence sera mon dernier slow porte le titre d'une des nouvelles qui le compose, et si ce choix de titre est très élégant, et correspond d'ailleurs assez bien à l'ambiance générale du recueil, assez morbide et dingo, ce n'est pas ce récit que j'ai préféré. L'auteur fait dire à un personnage à propos de cette nouvelle « un texte démentiel et malaisant », et sur le deuxième terme au moins je suis assez d'accord. Je n'ai pas bien compris le but de la manoeuvre, si ce n'est d'essayer de choquer pour choquer, une posture moins subtile que celle adoptée dans la plupart des autres textes, qui varient plus habilement les tonalités.

En effet, si l'ensemble du recueil reste sous l'égide de la noirceur et de l'absurde, comme l'auteur strasbourgeois nous y a habitués, on trouve tout de même un certain panel de sujets abordés. Les titres des textes, presque toujours repris d'une citation de la nouvelle correspondante, sont de bien peu de secours pour comprendre de quoi il est question, et apparaissent plutôt comme des fausses pistes. Ce qui produit un effet assez amusant : à chaque nouveau texte, j'ai essayé de deviner comment Arnaud Modat allait réussir à retomber sur ce titre. Mais l'auteur a assez d'imagination pour avoir toujours réussi à déjouer mes suppositions – il faut croire que je n'ai pas l'esprit assez farfelu, mais j'aime assez qu'un livre fasse travailler mes méninges. Surprenantes, les nouvelles le sont certainement, et certaines sont particulièrement bien construites, laissant dans l'ombre un élément clé pour le révéler aux lecteurs/trices au moment opportun pour produire son petit effet (« Death on two legs » par exemple). Dans la forme également, l'auteur sait tromper nos attentes, alternants récits, monologues, dialogues, personnages semblant être ses doppelgängers et autres narrateurs/trices. On retrouve néanmoins assez régulièrement ses avatars masculins un peu mous et désabusés qui parcouraient déjà Arrêt non demandé.

Les deux textes que j'ai préférés sont assez radicalement opposés : « Les limites de la philosophie chinoise », qui ouvre le recueil, m'a fait éclater de rire toute seule dans le métro (une constante avec les livres d'Arnaud Modat, décidément), par ses formulations alambiquées et son sens du décalage très finement manié. Quant à « La vilaine propagande des vendeurs de croisière », il nous offre un beau personnage de femme âgée, assez rare dans la fiction, et rappelle par son lien humain-animal le bizarre Nécrologie du chat d'Olivia Resenterra. J'ai beaucoup aimé la voix d'Agathe, sa poésie terrienne et sa résolution dénuée de sentimentalisme.

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