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Critique de SebastienFritsch


"Et puis, si toute cette période est parfois vivace dans mon souvenir, c'est à cause des questions restées sans réponses." (P 27)

Il y en a des questions sans réponses, dans ce roman : Que reste-t-il de nous, une fois que le temps a passé sur nos vies ? Que peut-on laisser pour ne pas disparaître ? Des noms de lieux, des noms d'amis, des images, des mots alignés sur les pages d'un cahier, cela sera-t-il suffisant ? Et qui gardera ces fragments ? Et qui prendra la suite, de ce gardien de la mémoire quand il disparaîtra lui aussi ? Et à quoi cela sert-il de conserver ces bribes de vie ? Et, finalement, que sont nos vies ? Par quoi sont-elles définies ? Uniquement par ces bribes minuscules ? Par ces gens qui nous entourent ? ces lieux qui nous accueillent ? Qui sont, eux aussi, tous appelés à disparaître ?

J'aime particulièrement les livres qui donne des pistes de réflexion sans jamais donner de leçons. C'est ce qui, à mon sens, fait un grand livre. Même si, évidemment, je sais aussi que le style, l'ambiance, les personnages et la façon de dérouler les évènements aident aussi à faire un grand roman.
Justement, "Dans le café de la jeunesse perdue" possède toutes ces qualités. C'est assurément un grand livre. Un livre pour lequel j'ai freiné ma lecture, alors qu'il ne me restait que trente pages avant d'atteindre la fin. Je ne voulais pas sortir de cet univers, à la fois précis et insignifiant, de cette précision et de cette insignifiance que possède chaque détail de n'importe quelle vie. Une vie que Modiano sait rendre réelle, presque palpable. Comme s'il racontait à chaque lecteur sa propre vie. Je ne voulais pas non plus quitter ces personnages, pourtant banals, sans éclat, mais si touchants et surtout (comme souvent chez Modiano), désoeuvrés, tristes, indécis, immobiles au milieu d'un décor qui ne bouge pas beaucoup plus ; jusqu'au moment où une décision, une seule, et un mouvement, bref, irréversible, viennent tout faire basculer.
Je suis pourtant arrivé au point final, j'ai dû quitter l'écriture si fluide et mélodieuse de Modiano, une écriture dans laquelle les mots, choisis et agencés si parfaitement, donnent l'impression de ne plus exister : on ne lit pas l'histoire que déroule Modiano : on la vit. Et, frappé par le dénouement, on a besoin d'un peu de temps pour s'en sortir, pour reprendre sa vraie vie, oser ouvrir un autre livre.
Lien : http://sebastienfritsch.cana..
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