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Critique de patachinha


Dans le café de la jeunesse perdue est un hymne à la mélancolie, à la douceur, à la nostalgie. Paris. Années 60. Au coeur des quartiers de la rive gauche, des êtres épris de liberté, noyés dans la torpeur d' une vie qui n' a plus de sens cherchent le repos à l' agitation de leurs coeurs. le Condé, rendez-vous de quelques intellectuels blasés, des écrivains râtés, d' étudiants insatisfaits. Une somme d' individus qui sont à la recherche de quelque chose sans savoir très bien quoi. Ils sont là, font acte de présence, mais en réalité ne s' attachent à ce repère commun, que par nécessité. Des liens se créent au détour d' une bière, et d' une discussion quelconque. Chacun conserve en réalité une part d' ombre; un accord tacite existe pour ne dire que très peu sur soi même, voir rien. On se contente de futilités et c' est plus que suffisant.



Et pourtant, " nous vivons à la merci de certains silences. Nous en savons long les uns sur les autres. Alors nous tâchons de nous éviter. le mieux, bien sûr, c' est de se perdre définitivement de vue."



Les aléas ferront en sorte de les disperser, certains à jamais. Néanmoins quelque chose les unit malgré eux : il est bien vrai qu' un seul être vous manque et tout est dépeuplé.



Louki faisait partie de ceux-là. Louki n' avait qu' une vingtaine d' années lorsqu' elle s ' est engouffrée dans ce monde décalé, à part dans le bourdonnement de Paris. Elle aussi était devenue une habituée. Pour autant on ne savait que très peu de choses sur elle. Mais elle a marqué les esprits de beaucoup de gens, même des années plus tard, après la transformation de ce café en une maroquinerie, Louki existait toujours dans les esprits. Sa voix, ses gestes, sa tenue, son sourire... Quelques uns se remémorent par bribes de sa vie; le lecteur lui se contente d' assembler les pièces du puzzle pour découvrir un être las de ce la vie a consenti lui donner, et qui dans une quête agonisante presque, tente de déjouer tout le fatalisme que lui impose sa vie.

Le regard d' un inconnu, étudiant des mines nous laisse entrevoir sa physionomie, son côté mystérieux. Un détective privé à la recherche de cette jeune fille nous en dévoile les raisons. Louki elle- même tente de trouver une justification à ce qui l' enchaîne à cette constante tristesse et mélancolie. Roland, lui, apparaît comme un sauveur déchu. Louki pouvait- elle être sauvée au fond? Elle et tant d' autres qui se livraient à ces destins, à ces rencontres hasardeuses, à ces désillusions, à une vie bohêmienne recherchant de pâles lueurs d' espoir dans ce dénominateur commun : le Condé.



Ce point de passage obligatoire entre la Terre et le néant, obéissait à une logique propre et personne ne semblait s' en offusquer : " On dit tant de choses... Et puis les gens disparaissent un jour et on s' aperçoit qu' on ne savait rien d' eux, même pas leur véritable identité." Louki faisait bien partie de ceux-là. Son passage sur Terre soulève bien des questions : aux personnages qui la cotoyèrent ainsi qu' au lecteur lui même.



J' ai bien aimé ce livre qui par son écriture est très envoûtant. Il me donnait envie d' écouter du jazz et de me replonger dans un livre constitué de photos exclusivement en noir et blanc, acheté il y a quelques années en face du centre Pompidou.

Son titre est très évocateur d' une certaine ambiance propre aux cafés et bars parisiens, du moins tel que j' imagine. Modiano est un auteur que je découvre pour la première fois à travers son dernier opus, je n' en suis pas déçue du tout.






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