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Critique de Colchik


Peut-on oublier son passé quand on ne l'a pas vécu, quand un autre vous en a privé ? Pour évoquer ce thème récurrent chez Modiano, je reprends la dernière image que l'on a de Thérèse en refermant le livre : elle est couchée dans la salle des prématurés après son suicide raté et elle sait qu'elle va pouvoir enfin vivre. La scène palpite d'émotion car la jeune fille est aussi novice que ces enfants venus trop tôt à la vie et, comme eux, elle va devoir apprendre à vivre... enfin.
La vie de Thérèse peut se découper en tranches. Une enfance marquée par la précarité, parenthèses jamais refermées entre les pensionnats où on la place et une mère incapable de s'occuper d'elle. Puis, c'est la vie à la campagne quand elle est expédiée tel un colis à une amie de sa mère. Elle attend que celle-ci la reprenne jusqu'au jour où on lui annonce qu'elle est morte au Maroc où elle s'était installée. le silence l'envahit et la transforme en une somnambule de la réalité. Un jour, elle croise sa mère dans le métro. le passé remonte à la surface, ne laisse aucun répit à Thérèse, l'étreint de questions et de doutes. Elle ne peut répondre à ces questions, elle ne se résigne pas à renouer connaissance avec sa mère, elle ne parvient pas à quitter le silence qui l'étouffe.
La petite Bijou, embryon d'enfant prodige, est morte-née après un petit rôle dans un film. Mais c'est la seule créature que reconnaissait sa mère, Thérèse existait si peu. Comment faire quand on se résume à une image d'enfant qui n'a pas plus de consistance qu'un fantôme ? On disparaît. Heureusement qu'on le fait avec maladresse.
le livre de Modiano diffuse sa petite musique désespérée avec plus ou moins de force tout au long du récit. Pour l'imposer au final.
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