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Critique de Millelivres


On entre dans un livre de Modiano comme dans un lieu incertain. le cadastre en est rigoureux, mais les avenues partent sans promesse d'arriver quelque part. Il n'y a plus qu'à se laisser prendre par la main et suivre l'auteur au gré de son écriture…
D'autant qu'il s'agit ici d'absence et de souvenirs, parfois de souvenirs d'absences : « J'avais quitté mon collège de Haute-Savoie avec trente-neuf de fièvre, pris un train pour Paris, et échoué, vers minuit, dans l'appartement de ma mère. Elle était absente et elle avait confié la clé à Mireille Ourousov, qui habitait là pour quelques semaines, avant de retourner en Espagne. »
Dans ce livre, Modiano nous présente les femmes qui ont accompagné plus que comblé ces absences. On découvre un groupe de disciples de Gurdjieff, le « gout du mystère » ou l'art de diriger les rêves. D'ailleurs ce cadavre, sur le tapis du salon de Martine Hayward, et le poids du revolver à étui de daim dans la main, est-ce autre chose qu'un rêve ?
Le mot « roman » n'apparait pas en couverture de ce livre. Dans sa déambulation nostalgique et allusive dans le Paris des années 60, dans son obsession de se retrouver dans ses souvenirs, Patrick Modiano tente de « recopier au propre (le) manuscrit couvert de ratures » de sa jeunesse. « Si l'on pouvait revivre aux mêmes heures, aux mêmes endroits et dans les mêmes circonstances ce qu'on avait déjà vécu, mais le vivre beaucoup mieux que la première fois, sans les erreurs, sans les accrocs et les temps morts… »
Lire Modiano, c'est cultiver l'art du lâcher-prise. Il faudrait pouvoir dévorer les 105 pages de ce livre d'une traite, pour ne jamais briser le charme. Vous voyez Alice retraverser le miroir toutes les dix pages pour vérifier la cuisson du gratin dauphinois ? Il faut laisser les phrases éveiller un écho en nous. Et nous ramener à nos propres fantômes : « Mille et mille sosies de vous-même s'engagent sur les mille chemins que vous n'avez pas pris aux carrefours de votre vie, et vous, vous avez cru qu'il n'y en avait qu'un seul. »
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