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Critique de Laureneb


Grâce à l'excellent podcast de Philippe Colin sur France Inter "Molière, le chien et le loup", j'ai entendu parler de cette pièce de Molière que je ne connaissais pas.
Il s'agit d'une comédie-ballet, mais qui ne peut cependant pas être comparée au Bourgeois-Gentilhomme, elle n'est pas drôle ni féroce. Ce n'est toutefois pas son objectif. C'est la mise en scène d'une discussion précieuse - mais non ridicule - entre mondains, les gens de qualité, sur l'amour - forcément. Plus précisément, il s'agit de savoir si, pour aimer, on doit être aimée. Est-on attirée par quelqu'un à qui l'on plaît ? La princesse est entourée de soupirants, mais elle ne le les aime pas - sans qu'on nous explique totalement pourquoi. Parce qu'ils ont tous le même comportement stéréotypé -à tel point que je n'ai pas différencié les deux personnages - de l'amant qui suit la Carte du Tendre, des compliments aux petits soupirs ? Parce qu'ils cherchent une alliance politique avec son père - cet aspect là n'est pas abordé, ce n'est pas une pièce de Corneille... Dommage que la comparaison avec Diane ne soit pas développée : la princesse chasse, n'a pas peur d'aller seule dans les bois, compare les liens du mariage à la mort, mais elle ne revendique pas clairement un désir de virginité. C'est par ce refus des normes et des conventions que lui rappellent ses cousines - qui sont elles aussi interchangeables - que la princesse peut séduire le public de la cour : à vingt ans, une jeune fille doit aimer. Elle s'écarte de l'idéal mondain, mais pour y revenir à la fin, et sa transgression avec les normes n'est que temporaire. Dommage, j'aurais aimé un personnage féminin révolté... Cela permet cependant d'avoir un personnage féminin qui a plus de temps de présence sur scène que dans de nombreuses pièces comiques du XVII ème siècle.
Oui, c'est une pièce faite pour les mondains, pour divertir le public de la cour, une pièce de commande. J'ai particulièrement aimé le commentaire en forme "Avis au lecteur" au milieu d'une scène de l'Acte II où Molière explique "qu'un commandement du roi pressa cette affaire" et l'obligea à quitter les vers pour la prose". La monarchie absolue se manifeste même dans le style d'écriture... Quant aux intermèdes, s'ils correspondent au goût du Grand Siècle, sans danse, sans chanson, à la lecture ils apparaissent un peu longs et forcés.
Loin d'être la meilleure pièce de Molière, avoir en tête les circonstances de son écriture pour comprendre ses intentions.
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