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Critique de BazaR


C'est ma première rencontre avec ce Misanthrope. Jamais lu, jamais vu. Je suis presque étonné de découvrir dans la notice qui accompagne la pièce (écrite par Georges Mongrédien, dans Molière, oeuvres complètes T3) qu'« il est, au gré des connaisseurs, du plus beau chef-d'oeuvre de Molière et marque le sommet de son oeuvre ». Mongrédien dit aussi que « le public fut manifestement désemparé par ce comique sérieux, âpre, qui ne déchaînait par les rires et les applaudissements, comme ses précédentes comédies, se contentant de faire continuellement rire dans l'âme ». Un chef-d'oeuvre, donc, en décalage avec reste de la production de l'auteur.

Je ne me qualifie certes pas de connaisseur, mais je coche volontiers la case du plaisir à la lecture de la pièce. Je confirme aussi qu'on n'y retrouve pas la farce qui anime nombre des pièces de Molière. Et j'ai l'impression que cela apporte une petite note d'amertume dans mon appréciation car, comme ce fameux public, je m'attendais à un peu plus de premier degré d'humour.
Oh, j'imagine que, sur scène, on peut jouer le personnage d'Alceste de plusieurs façons : ridicule, pathétique, voire anachroniquement romantique. A la lecture, c'est plutôt le romantique qui m'a frappé. L'homme a des principes chevillés au corps et opposés aux standards de la société. Il n'accepte pas les mensonges, la courtisanerie et les faux-semblants. Il faut être vrai dans l'âme comme dans la parole. Évidemment, cela ne peut manquer de lui causer des problèmes, par exemple lorsqu'il dit tout net à Oronte – un homme bien en cours – que ses vers sont lamentables.
Le romantique ne manque pas non plus dans l'amour qu'Alceste ressent pour Célimène qui est son opposé absolu. Pour elle les apparences sont primordiales. Elle agit et parle toujours pour se faire bien voir des personnes en face d'elles, et adore ridiculiser les absents (donnant lieu à des portraits de toute comique beauté). Elle mène par le bout du nez un nombre impressionnant de prétendants, qu'elle casse dans leur dos. Alceste n'est pas dupe, n'a de cesse de l'implorer de changer, mais ne parvient pas à faire plier ses sentiments devant sa morale.

Il est surprenant que Célimène ait cru si longtemps que son attitude n'allait pas finir par être dévoilée, que tout un chacun connaitrait finalement sa fourberie et qu'elle se retrouverait seule, aussi éloignée de la société qui la rejette qu'Alceste lui-même qui rejette la société.
En quelque sorte, les deux se retrouvent tout en étant aux antipodes.
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