Trois amants et je n'ai jamais eu d'orgasme autrement que toute seule.
Je veux que ça change. J'en ai marre d'être la gentille, la polie, la studieuse, la première de la classe. Je voudrais connaître dans ma vie au moins un été d'hédonisme et de luxure. S'il vous plaît. Avec du sexe, du vrai. Si ce n'est pas trop demander.
Peut-être que je suis une traînée. Peut-être que Jessica a raison et que la salope qui se cachait en moi s'est enfin réveillée, comme un papillon putain sorti de la chrysalide parfaite et immaculée de la gentille petite fille à papa. Un papillon du Borgetto, la jeune maîtresse sans fard d'un homme immensément riche. Je veux bien être tout cela, sans regrets et je raconterai à mes petites-filles les horreurs libertines de ma jeunesse dans Naples la sensuelle, Naples la cité du vice et du stupre.
Cet homme m'intoxique, tout chez lui me semble parfait, délicieux, mystérieux. Il est tellement différent des autres hommes. Il doit mesurer dans les un mètre quatre-vingt-six. Il est plus grand que moi, plus fort que moi, un peu plus vieux que moi. Sa barbe de trois jours lui donne des airs d'aventurier et pourtant il souffre. Il a besoin qu'on s'occupe de lui, j'en suis certaine.
- Regarde-moi toutes ces ordures ! Pourquoi est-ce qu'ils ne ramassent pas leurs poubelles? Pourquoi ne pas arrêter de penser à ta sacoche deux minute, signor Je-ne-porte-pas-de-chaussettes, et commencer par nettoyer ta propre ville ? Voilà ce qu'un homme, un vrai, ferait."
L'homme, Roscarrick, n'est toujours pas parti. Il regarde obstinément dans la direction opposée à notre table. Je jette un dernier coup d' oeil à son costume impeccable, à son profil de dieu grec et je me résous à l'oublier. Il y en aura d'autres.