Le dîner de ce soir promettait d’être une sorte de mélange entre Downton Abbey et Coronation Street. J’imaginais déjà les quatre membres de la famille Montgomery mangeant lentement leur soupe. Ou la buvant. Avec la soupe, on a le choix. Bon, enfin, ils avaleraient leur soupe d’une manière ou d’une autre, tout en commentant la journée et en dissimulant leurs rancœurs sous un masque bien policé.
Et ils boiraient, bien entendu.
J'avais beau dire, une toute petite part de moi - celle où logeait le grain de folie que nous avons tous - se demandait s'il valait mieux se marier en été ou en hiver au château de Montgomery et s'il y avait déjà eu une duchesse prénommée Polly. Mais heureusement , la partie raisonnable de mon cerveau a repris le dessus et m'a ordonné d'arrêter de délirer ; il n'y avait que dans les comédies romantiques qu'une fille de la classe moyenne originaire du Surrey épousait un futur duc.
C’est toujours gratifiant d’avoir fait jouir un mec avec sa bouche. Ça prouve qu’on ne s’est pas trop mal débrouillée et qu’on n’a pas mis les dents.
Une fois nue, je l’ai vu s’agenouiller devant le lit et sa tête a disparu entre mes jambes. Facétieuse comme je suis, j’étais sur le point de lui proposer une tondeuse Black & Decker pour se frayer un passage, mais je me suis dit que ça risquait de casser l’ambiance. J’ai préféré me montrer coopérative et me suis mise à ahaner ainsi qu’il se doit. J’avais trouvé un bon rythme mais, malheureusement, après un début prometteur et sans doute encouragé par mes halètements, Callum s’est cru autorisé à accélérer le mouvement, genre chien qui lape sa gamelle d’eau.
Chaque fois que j’essayais maladroitement de draguer un mec, c’est-à-dire de lui effleurer la cuisse ou le bras en me pourléchant simultanément les lèvres, je finissais par avoir l’air d’être victime d’une attaque cérébrale.
— Attends, a-t-il soudain déclaré en se penchant vers moi. Tu peux prendre ton verre une seconde ?
Mon ventre s’est noué. Il n’allait quand même pas me sauter dessus ici ? Déjà ? Chez Bill ? Mince alors ! Je m’étais apparemment sous-estimée. J’étais peut-être plus douée pour le flirt que je ne le pensais.
Je n’avais pas envisagé de sortir avec lui à cause de ses lunettes vraiment trop hideuses. N’empêche, ça me faisait une fréquentation de sexe masculin. Depuis, on ne s’était plus quittés.
Certains semblaient passer leur temps à copuler. Et moi j’étais là, scotchée devant mon bureau comme une plante asexuée, en train de chercher des images d’échographie, preuves irréfutables de l’activité sexuelle des autres.
Maman et moi, on s’est toujours bien entendues. Mieux que bien, en fait. Je me sens proche d’elle et quand je compare notre relation à celles de mes amis avec leurs parents, je me rends compte qu’on est vraiment complices.