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Critique de Ziliz


Dans le précédent ouvrage d'Isabelle Monnin, 'Les vies extraordinaires d'Eugène', un père imaginait année après année la vie qu'aurait pu avoir son enfant, décédé six jours après sa naissance.
Ici, une jeune femme remonte le temps pour reconstituer à la minute près la vie de sa soeur chérie, brutalement décédée à vingt-six ans. Elle va y sacrifier sa vie, négliger ses proches : "La mort de Rosa a été comme un accident nucléaire : une explosion d'abord, terrifiante, pétrifiante, suivie de la destruction en domino de tout l'environnement". (p. 384-385)

Voici donc une histoire de famille, d'une famille de femmes : "Il faut regarder attentivement pour distinguer en arrière-plan les hommes. Ils sont le décor, pas les personnages principaux" (p. 177). Des hommes discrets certes, mais soutiens précieux, quand même...
Histoire d'une famille où la mort frappe prématurément à chaque génération.
Histoire d'un amour fusionnel entre soeurs, d'un deuil impossible, d'une quête frénétique, obsessionnelle et folle, vouée à l'échec.
Histoire où l'on voit l'importance démesurée que l'on peut accorder aux objets pour faire revivre dans notre mémoire, faute de mieux, nos disparus. Où l'on voit que nos fantômes, les souvenirs qu'on leur associe, leur histoire qu'on réécrit, peuvent nous enterrer vivants, nous et nos proches. Où l'on voit aussi qu'on peut se sentir en concurrence lors d'un deuil, estimer avoir le monopole du chagrin. Où l'on voit que l'on peut en vouloir à des êtres chers après leur disparition, parce qu'ils ne nous ont pas fait confiance, gardant des secrets.
Histoire d'un deuil personnel, mis en parallèle avec un deuil collectif, celui des descendants des victimes de la Shoah et devenu "devoir de mémoire" universel.
Histoire de maternité chaotique, et d'amour conjugal.

Bref, ce texte est douloureux, intense, riche.
Mais le récit m'a paru dilué, interminable - car dérangeant ? Parce que je ne parvenais pas à croire à cette relation idyllique entre soeurs ? Parce que je trouvais cette femme antipathique, cette mère abominable, ce mari trop tolérant ? Je me suis ennuyée jusqu'au dernier quart de l'ouvrage, puis je me suis laissée convaincre lorsque de ce deuil naissent enfin des projets, des idées fertiles, de la vie.
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