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Critique de Lililaluize


La notion de Feel Good n'a pas mes faveurs, aussi, lorsque j'ai entendu Tania de Montaigne parler de sa satire évoquant ce sujet contaminant notre époque, ma curiosité a été titillée.
J'ai cru rire, sourire , voyais d'avance mon air moqueur pointé et pourtant, il n'en a rien été.
Le Feel Good m'a affolée.
Étonnant pour une notion qui veut appeler au calme et au bien-être.
J'ai bondi, pesté face à la crédibilité de la fable qu'écrit l'auteure/ autrice/femme de lettres/écrivaine ( c'est Feel Good les brochettes de mots) , devant l'atterrante réalité d'une mouvance qui se veut déconstructive.
L'air m'a manqué enfermée dans le modèle pseudo inclusif de cette maison d'éditions qui dépece chaque ligne de chaque manuscrit afin de mieux restructurer les discours alors vidés de substance.
Wokisme, Cancel Culture à l'extrême, la notion du "bien" vise à museler tout ceux qui ne portent pas le même regard jusqu'à faire faire des tests ADN aux auteurs afin d'établir une légitimité quant à leurs écrits.
Peut-on encore lire un livre incluant le mot "noir" dans le titre , si, bien entendu, la minima des 38, 2% d'ADN requis pour avoir l'autorisation d'écrire sur le sujet de l'origine est atteint ?
Trop clivant.
D'ailleurs, je suis une mauvaise fille, j'écris "noir" en omettant la majuscule. Majuscule inexistante à "blanc" puis de toute façon on ne doit plus dire "noir".
"indien" non plus mais " première nation" ou "natif".
Impossible d'écrire sur une sexualité qu'on ne pratique pas, le sujet n'appartient qu'à une seule parole s'octroyant la légitimité unique, les mots d'anatomie sont relégués aux oubliettes, "corps" sera le mot unique.
Quant à l'art... Danger ! Il pourrait être mal interprété, contesté, il est donc préférable de censurer ce qui pourrait heurter le lecteur. L'humour ? Même tarif.
Finalement, c'est la littérature qu'il faut censurer, et la fiction ! trop d'imagination est un danger.
Essais et témoignages sont plus raisonnables, à condition que la vie privée des auteurs soit Feel Good !
Et être un vrai Feel Good, c'est détruire et abattre ceux qui ne portent pas la même parole, c'est être le nouvel oppresseur, celui qui vous dicte également ce que vous devez manger, lire, regarder, dire. Ce sont les nouveaux juges du monde, les nouvelles lois de la bien pensance réécrites par les gens "bien", les sans mémoire privilégiant le silence assourdissant.
Et pour cause, pendant ce temps là, le monde bouillonne et la violence se décuple, les crimes racistes et homophobes pullulent ... mais chut...
Ne parlons pas, n'écrivons pas, soyons Feel Good, effaçons ce qui peut être polémique, ce qui peut troubler le lecteur, n'écaillons pas le vernis, l'edulcoré est si doux, la bonne conscience si paisible, le déni si confortable. Après tout, cet auteur poignardé ne l'a t il pas cherché ? On pense bien évidemment à l'attaque de Salman rushdie...
Chute des réalités, le Feel Good poursuit sa route dans l'utopie crasse ,l'idéologie couarde si rassurante, la tranquillité d'esprit qui surtout rapporte tout en donnant la sensation d'être vertueux...
Telle est la direction proposée par les "progressistes", pour la plupart, blancs...
Culpabilité pour tous les maux, repentance extrême, dictature de la pensée.
Et alors une question se pose:
D'où vient le danger ?
Du silence Feel Good à l'opposé de la mémoire collective, de la déconstruction aux dépends de la reconstruction.
Pour autant, l'espoir est là, le bon sens toujours véhiculé , la pensée et l'histoire refusent d'être évincées et de disparaître, à nous de préserver la "Mémoire" avec une majuscule, elle dépend de chacun de nous.

Un effarant portrait d'une partie de notre société. de la fable et de la satire ressort une bonne part de réalité et en cela " Sensibilités" devient bien plus qu'une suggestion de lecture.
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