Citations sur Sensibilités (32)
Nous ne promettons rien, c'est la différence avec le feel good. Nous voulons simplement savoir ce qui fut et nous voir tels que nous sommes. Nous acceptons de porter l'Histoire, sans choisir ce qui nous arrange. Nous acceptons d'être imparfaits. Savoir et voir. Se souvenir.
- Est-ce que ces gens ont lu le livre ?
- Ça n'est pas le problème.
- Est que ces gens prévoient de lire le livre ?
- Ça n'est pas le problème.
- Est-ce que ces gens savent qu'il s'agit d'un roman et pas de la réalité?
- Ça n'est pas le problème.
Nous fantasmons un monde sans cicatrices. Nous confondons les plaies et les cicatrices. Il faut soigner les plaies, il faut vivre avec les cicatrices.
« - Nous ne promettons rien, c’est la différence avec le « feel good », nous voulons simplement savoir ce qui fut et nous voir tels que nous sommes. Nous acceptons de porter l’Histoire, sans choisir ce qui nous arrange. Nous acceptons d’être imparfaits. Savoir et voir. Se souvenir. »
j'écris, ce sont des choses vraies, résolumen
vraies, des faits. J'écris des prénoms sur des gobelets. Les gens sont prêts à payer très cher pour ça. Alors je note leur nom sur des gobelets avec un marqueur et, ensuite, je les appelle quand leur café est prêt. Je dis « Sophia» et ils sont contents et ils payent cinquante fois le prix que leur coûterait un café s'ils le faisaient eux-mêmes ou s'il n'y avait pas de nom sur le gobelet. Au début, je demandais l'orthographe exacte, je tenais à ce que les choses soient inscrites le plus justement possible. Je voulais qu'ici, dans ce nom sur ce gobelet, il y ait une vérité. On est étonné du nombre de façons qu'il y a d'écrire un prénom.
Six mois plus tard, Feel Good mit définitivement la clé sous la porte. Le label "sensibilité zéro" avait tenu toutes ses promesses et bien au-delà. Elle avait si bien travaillé que pas une ligne d'un livre Feel Good ne pouvait être soupçonnée de pousser les lecteurs dans une zone sensible. Tout était sous contrôle, nettoyé lisse, transparent. Il n'y avait plus aucun RISQUE, et plus aucun lecteur non plus. Ils avaient déserté. Elle fit ses cartons, rangeant les dernières affaires, jetant les vestiges d'un temps où l'on croyait que le meilleur était à venir. Dans le couloir, elle croisa des collègues sidérés et silencieux, comme elle. L'incompréhension était totale. Faire le BIEN n'était décidément pas une mince affaire.
Bien qu'émanant de deux courants très différents, voire antagonistes, les deux pétitions se concluaient de la même façon :
Le principal responsable est l'éditeur, qui a fait preuve d'ignorance et d'insensibilité en publiant ce texte.
À la suite de cette consultation géante, les passages jugés problématiques furent éliminés et plusieurs autres furent modifiés. Ce qui, concrètement, équivalait à dépecer le livre pour n'en laisser qu'une carcasse aux os luisants.
Sa mère adoptive se battait pied à pied conte le temps, craignant plus que tout qu'une plus jeune prenne sa place et ne devienne, à son toutr, Madame Bénéteau. Elle était heureuse chaque fois qu'on lui disait : « Mais vous ne changez pas, c'est incroyable. Il en a de la chance votre mari ! » Monsieur Bénéteau, lui, changeait. mais ça n'avait aucune importance, quoi quil arrive, il serait toujours Monsieur Bénéteau.
Ça n'était pas précisé, mais on sentait une menace sourde. Comme si les couvents existaient encore, comme si, au moindre signe du temps, il fallait quitter les lieux, se retirer et attendre la fin, le plus discrètement possible, sans se plaindre ni faire trop de bruit. C'était ça le programme des femmes Bien. S'excuser d'être encore en vie, d'être encore une femme, c'était ça le deal.