Il nous parla de la tendresse de l'artisan qui prend soin de ses outils. Pourquoi l'homme n'en ferait -il pas de même avec son corps ? Savoir se reposer, c'était une science, selon lui : celle du juste rythme
Et j'aurais juré que dans ses phrases, il y avait plus de silence que de bruit.
Aucun doute : ce n'était pas au-dehors qu'elle me séduisait , mais au-dedans qu'elle m'attirait. N'était ce pas là le début d'une sensualité sacrée ?
Quand on n'a pas seulement envie d'un corps, mais de ressembler à l'être qui l'habite.
Quand ce n’est plus un sexe que l'on veut pénétrer, mais les secrets d'une âme.
J'en étais sûr, il me regardait : transparent. Il avait des yeux juste pour ressembler aux hommes, mais il savait lire autrement.
Il m'apprit à choisir les fleurs, les fleurs de SA terre.
Les noms, il s'en foutait, "c'est bon pour les livres" disait-il. Il faut les regarder comme une femme, sentir leur sensualité.
Apprends à prévoir ce que tu vas en faire. Il faut que la rencontre soit méticuleuse et attentive. Ne pas gaspiller, pressentir les couleurs, la longueur des tiges, le moelleux d'une mousse ou l'ampleur d'un feuillage.
Il m'apprit à respecter la cueillette comme un art sacré. On n'arrache pas une fleur comme ça, on ne coupe pas une branche pour rien. Ce n'est permis qu'à celui qui sert la beauté, alors la terre se réjouit, sinon elle reste blessée.
Ne sommes-nous pas tous des cancéreux en puissance ?
Et ce n'est pas les poêles Tefal qu'il faut incriminer, mais nos actes déplacés, nos vies étriquées, nos guerres incessantes.