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Critique de candlemas


De l'Esprit des Lois, publié en 1748, est une référence incontournable pour saisir les fondements des institutions qui gouvernent nos société contemporaines. Empruntant aux classifications d'Aristote, débattant des notions de droit naturel aux côtés de Rousseau et de Hobbes, Montesquieu a surtout l'originalité de replacer la loi non comme un commandement, une valeur abstraite à suivre a priori, mais comme une variable qu'il constate, analyse, suivant les cultures, la géographie, L Histoire, pour mieux en dégager les grandes tendances. Il tire cette approche d'une théorie des climats par ailleurs contestable dans sa hiérarchisation des moeurs et différentiation des "races", alors même qu'il était personnellement opposé à l'esclavage.
Montesquieu estime que la République, qu'elle soit aristocratique ou démocratique, tire son essence, son moteur , de la vertu ; la monarchie de la pratique de l'honneur ; le despotisme de la crainte.
Il dégage un principe quasi mécanique de l'application possible d'un régime de libertés dans la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire.
Cependant, les débats entre ses commentateurs sur le point de savoir s'il prône ou non le libéralisme ou l'élite aristocratique me semble surtout justifier de le classer, comme Machaviel, comme un observateur pragmatique des rapports politiques et des principes de gouvernement. Il s'interroge plus sur l'efficacité et la cohérence des institutions que sur leurs principes de vertu. Il le fait cependant avec une liberté qui l'a obligé à publier -comme tant d'autres- à Genève son ouvrage, qui fut mis à l'index.
Modéré en toute chose, visiblement adepte du juste milieu, Montesquieu me semble, par certaines de ses réflexions singulières, donner à réfléchir encore aujourd'hui. Ainsi sur la relativité du concept de liberté, dont il convient de considérer le ressenti, souvent plus que la réalité objective (valable aussi bien souvent sur le "ressenti" en matière de justice et de pauvreté... différenciation entre le ressenti et le réel bien connue des organismes de sondages, des PDG d'entreprises et des agences de com...) ; sur la valeur de l'exemple pour réformer une société ; sur l'adaptation des lois aux caractéristiques intimes d'un peuple. Combien d'erreurs de gouvernement seraient encore évitées par l'application de ces quelques principes simples...
Je finirai ce commentaire par le style de M. Charles de Secondat, baron de Montesquieu... remarquable ! plein d'esprit et d'éloquence, vif et précis ; on sent chez Montesquieu l'influence des auteurs latins tels que Cicéron. Par l'alternance de phrases courtes qui ponctuent sa démonstration, il développe un art consommé de la rhétorique, mais avec l'élégance du français du XVIIIème siècle.
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