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Critique de Arakasi


Bah oui, je n'avais jamais lu les « Lettres Persanes » de Montesquieu... Je sais, c'est très mal, mais la littérature du XVIIIe siècle ne m'a jamais particulièrement attirée et je garde un souvenir indifférent de mes lectures scolaires de Voltaire et franchement ennuyé de celles de Rousseau. Histoire de ne pas mourir stupide, j'ai voulu retenter tout de même ma chance avec Montesquieu et ses fameuses lettres encensées par tous les professeurs de littérature depuis que le Grand Manitou a créé le système éducatif.

Au cas très improbable où vous ne connaitriez pas le contexte du livre, le voici : à la fin du glorieux et surtout très longuet règne de Louis XIV, deux persans débarquent en France, poussés leur désir de découvrir le monde occidental. Usbek le penseur vertueux et Rica l'homme sociable arrivent donc à Paris et béent d'ahurissement devant ce monde si différent de celui auquel ils sont habitués : tout les étonne, des extravagances de la mode française aux incessantes querelles de l'Eglise, en passant par les petites manies des bourgeois parisiens et les ridicules des courtisans de la Cour du Roi Soleil. Montesquieu nous fait partager leur abondante correspondance avec leurs proches restés en Perse, prétexte à milles petites réflexions et commentaires philosophiques sur des sujets aussi variés que la politique, la religion, la littérature, la place des femmes dans la société, la justice, etc.

Première chose à souligner à l'avantage de Montesquieu, son style d'écriture est effectivement, et comme je l'ai souvent entendu répéter, très agréable à lire : à la fois fluide et riche, il capte sans difficulté l'attention du lecteur et on saute rapidement d'une lettre à l'autre, d'autant plus que la plupart sont très courtes. La plupart des réflexions exposées dans ces lettres sont à la fois pertinentes et faciles d'accès, présentées avec une simplicité et un humour légèrement narquois qui font plaisir à lire, quand on pense à l'herméticité de la plupart des ouvrages philosophiques (ô cours de terminale, comme vous vous rappelez douloureusement à mon souvenir). Montesquieu philosophe, j'adhère !

Montesquieu romancier, un peu moins … Je regrette notamment d'avoir trouvé l'aspect roman épistolaire si peu exploité et essentiellement prétexte à exposer les idées de l'auteur, simple artifice littéraire sans véritable impact narratif. Je n'ai pas éprouvé non plus d'intérêt particulier pour les personnages, aucun ne possédant de véritable « voix » littéraire, leurs réflexions étant interchangeables à mes yeux et variant uniquement sur les thématiques – vertu et éthique pour Usbek, société et mondanités pour Rica. Enfin, mais c'est très subjectif de ma part, le ton moralisateur de l'ensemble m'a un peu lassée sur la fin. Pas une révélation en ce qui me concerne, mais une lecture instructive et intelligente tout de même.
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