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Critique de Fandol


En s'attachant aux pas de Calixte Fontaine, né en 1960 en Haïti, Yves Montmartin fait oeuvre romanesque et pédagogique, ce que j'apprécie beaucoup.
Trois ans plus tôt, François Duvalier a été élu Président de la République haïtienne. Dans ces Caraïbes où rien n'est simple, la famille Duvalier va détourner 80 % de l'aide économique, vivre dans l'opulence, laisser la majorité du peuple dans la misère et faire régner la terreur avec les Tontons Macoutes, tout en permettant aux gangs d'accomplir leurs trafics.
Calixte est le fils de Manman Olivette et de Toussaint Fontaine. Avec Charlemagne et Ma'Umtiti, ses grands-parents, ils vivent dans Village Démocratie, un quartier de cité Simone. Calixte a une petite soeur, Daniya. La cité Simone est un bidonville où chacun a construit sa Kabann, comme l'a fait Charlemagne, ce grand-père qui vient visiter régulièrement Calixte depuis qu'il est mort.
Le meilleur ami de Calixte s'appelle Gratitude mais celui-ci est surtout passionné de foot, ne comprenant pas pourquoi Calixte est principalement attiré par les études.
Chaque matin, avant le jour, Calixte et Manman Olivette partent à pied pour aller laver les légumes au Marché en Fer à quatre kilomètres de leur Kabann. La misère, la saleté, la puanteur règnent et il faut beaucoup de courage et de volonté pour espérer gagner quelques gourdes, la monnaie locale.
Les noms, les prénoms, les surnoms sont originaux et me font sourire. Yves Montmartin, dans son roman, fait honneur au créole, sans oublier de traduire mais c'est amusant d'essayer de prononcer les mots de cette langue grandement inspirée par le français.
Alors que Calixte grandit et va à l'école du Père Céleste, la Kay blé, la Maison bleue – une seule classe pour accueillir une flopée de gamins – je dois souligner la volonté pédagogique de l'auteur qui ne lésine pas sur les Notes. C'est instructif bien sûr et surtout précieux pour développer les aspects politiques et sociétaux comme les jeux, le Karnaval, la nourriture mais aussi la poste, l'accès à l'eau potable et la religion avec le vodou, culte qui sera reconnu officiellement le 4 avril 2003.
En suivant Calixte qui grandit, étonne en révélant toutes ses possibilités sans jamais oublier sa famille, je découvre un parrainage précieux. En effet, un couple français a accepté de financer ses études. Comme Yves Montmartin a inséré quelques photos dans ce tome 1 de Hispaniola, Haïti, la perle des Antilles, il me semble bien l'avoir reconnu sur un cliché…
Ainsi, Yves Montmartin a su me captiver avec l'histoire de Calixte, la racontant bien, réussissant à faire comprendre la psychologie des Haïtiens, celle du peuple surtout. Émotions, superstitions, croyances, culte des morts, tout cela ressort en suivant le vécu de Calixte, personnage attachant confronté à une dictature ne reculant devant rien pour asservir le peuple. Les tristement célèbres Tontons Macoutes ont oeuvré en toute impunité et Jean-Claude Duvalier, Baby Doc, successeur de son père, Papa Doc, est mort à 63 ans, en Haïti, le 4 octobre 2014, sans avoir été jugé…
Depuis, la vie des Haïtiens ne s'est guère améliorée et je salue le travail de Yves Montmartin que je remercie pour sa confiance, car il a su faire vivre Calixte en soulignant espoirs et souffrances de son peuple. Maintenant, il faut attendre le tome 2 de Hispaniola : Victoire, prénom dont l'explication se trouve dans la lecture de Calixte.
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