AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Bougnadour


Le triptyque de l'infamie regroupe les biographies d'un trio d'artistes du XVIème siècle qui seront témoins directs ou indirects des horreurs de leur temps, ils partagent aussi le fait d'avoir choisi le protestantisme pendant les guerres de religions et de témoigner par leurs oeuvres.
Trois massacres jalonnent le livre, celui des réformés qui avaient voulu implanter une colonie protestante en Floride, la saint Barthélémy et bien sûr la conquête espagnole de l'Amérique qui fut un génocide gigantesque.
Jacques le Moyne le cartographe de l'expédition de Floride en reviendra, échappé aux hordes espagnoles par miracle. Ayant réussi à dialoguer avec les artistes indigènes, ces dessins témoignent de leur savoir-faire, de leur talent et de leur triste sort.
François Dubois rescapé de la Saint Barthélémy laissera un tableau synthèse qui fige pour l'éternité les horreurs commises.
Quant à Théodore de Bry s'il ne fut pas témoin il grava pour publication les pires images de la conquête de l'Amérique du Sud influencé par le livre de dénonciation de Bartolomé de las Casas et les dessins de le Moyne.
Ces trois hommes auront tenté de laisser un témoignage indigné sur les horreurs de leur époque, comme huguenots ils n'étaient jamais en sécurité sur leurs terres d'origine, ce qui certainement les rendait sensibles au sort des opprimés et leur donnait le goût de la justice.
Sans surprise le récit de Montoya est austère comme un temple réformé avec des longueurs mais reste attachant, ses héros sont des hommes inquiets, meurtris, qui n'attendent de la joie que dans l'au-delà. Tous trois sont dévoués corps et âme à leur art et à sa transmission. Une admiration mutuelle les guide, chacun cherchant modèle et inspiration chez ses confrères. Ils trouvent dans leurs échanges la confiance qu'ils n'ont pas dans la société.
Sur le plan politique les oeuvres dénonçant les méfaits des conquistadors ne sont pas restés sans effet, les rois d'Espagne tentèrent d'arrêter les massacres par des lois rigoureuses mais sur place elles restèrent lettre morte avec un pouvoir européen trop lointain.
L'Histoire nous a montré que pour conquérir des territoires il ne faut pas compter les artistes et les poètes mais sur les hommes avides, cupides et sans pitié surtout quand leur clergé leur donne l'absolution.
Un livre pessimiste sur l'influence de l'art sur la politique et sur le coeur des hommes en général.
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}