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4.14/5 (sur 11 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1945
Biographie :

Conservateure du patrimoine, responsable des collections de l'École nationale supérieure des Beaux-Arts .
Elle a contribué l'organisation des grandes expositions "Pompéi", "Paris-Rome-Athènes", "Roma Antiqua" et "Roma Antiqua II".




Source : Gallimard
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Vers 1680, survient un nouveau tournant important dans l'évolution des formes : Bussy-Rabutin, cousin de Madame de Sévigné, raconte comment le hasard – et le vent – firent naître une nouvelle coiffure dont la vogue allait durer trente ans : un jour de chasse royale, Mlle de Fontanges, alors favorite de Louis XIV, releva ses boucles dérangées par le vent et les attacha au-dessus de son front avec un ruban. Le roi manifesta de l'admiration pour cet ajustement et, le lendemain toutes les dames de la cour se coiffèrent de la même façon. Mlle de Fontanges ne vécut pas assez longtemps pour connaître le brillant avenir de sa trouvaille : elle mourut l'année suivante, âgée de vingt ans.

Il est difficile d'employer le mot « mode » - du moins dans son acception actuelle – quand une forme est si durable dans le temps. Ce ne fut pas une simple fantaisie de cours : toutes les femmes de la société, nobles et bourgeoises, adoptèrent cette coiffure ; il en existe de nombreux témoignages iconographiques : portraits officiels de la cour, gravures satiriques, estampes de mode, etc. Même les « demoiselles » de Saint-Cyr (Saint-Cyr était une fondation religieuse créée par Mme de Maintenon et Louis XIV, pour l'éducation des jeunes filles de la noblesse pauvre – éducation pieuse et rigide naturellement - ) sont représentées coiffées ainsi.

Rapidement d'ailleurs, la coiffure s'était compliquée. Ce n'était plus une simple touffe nouée au-dessus du front par un ruban. Elle s'était étoffée en hauteur, avec toutes sortes de boucles vraies et fausses, piquées d'ornements. La partie arrière de la chevelure était roulée en longue anglaises ; le tout était surmonté d'un bonnet de gaze et dentelles, orné de plissés et tuyauté en éventail, soutenu par une armature de fils métalliques.

Cet excés donna rapidement matière à s'exercer à la verve des écrivains. L'abbé de Vertot note : « Les hennins ont reparus en France, de nos jours, sous le nom de Fontanges. C'est une espèce d'édifice à plusieurs étages fait de fils de fer, sur lequel on place différents morceaux de toile, séparés par des rubans, ornés de boucles de cheveux, et tout cela distingué par des noms bizarres et si ridicules, que nos neveux et la postérité auront besoin d'un glossaire pour expliquer l'usage de ces différentes pièces et l'endroit où on les plaçait. Sans ce recours, qui pourra savoir un jour ce que c'était que la duchesse, le solitaire, le ciel, ou la souris ? Et pourra-t-on croire qu'il fallait, pour coiffer les dames de ce temps, pour ainsi dire un serrurier pour dresser la base de ce ridicule édifice et cette palissade de fer sur laquelle s'attachaient tant de pièces différentes ?... »
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Il semble également que les femmes elles-mêmes se soient lassées des coiffures si volumineuses les obligeant à supporter de lourds postiches et à se faire friser. Vers 1910, se manifestent une certaine désaffection pour l'ondulation et un goût nouveau des cheveux lisses, que l'on porte simplement, enroulés en turban autour de la tête. René Rambaud raconte dans "les Fugitives, comment Mlle Spinelly, actrice du Théâtre des Variétés, créa, en 1912 la coiffure "à la chinoise" : "Elle était arrivée très en retard à sa loge, pour son entrée en scène : l'habilleuse, en hâte fait son office. Le coiffeur va faire le sien. Sur la table de toilette, sont disposées toutes les pièces de postiches dont sa coiffure est composée. On pose la première. Tout à coup, furieuse, hors d'elle, Mlle Spinelly l'arrache, la jette contre le mur à l'autre bout de la loge, prend le reste et en fait autant. Elle hurle au coiffeur qu'elle en a assez de tous ses trucs, qu'elle ne veut plus les voir, ni lui non plus, du reste. Puis, au comble de l'énervement, elle prend son démêloir et, en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, elle peigne ses cheveux à fond, de l'avant vers l'arrière, des oreilles et de la nuque vers le sommet ; elle les plaque sur sa tête et tortillonne les longeurs en un chignon hâtif qu'elle épingle au sommet. Elle était délicieuse. Ce fut dans la salle une ovation folle."
Cette coiffure "à la chinoise" connut effectivement un certain succès, elle est mentionnée de nombreuses fois dans les revues de mode de années suivantes.
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"Les maîtres-perruquiers sont accourus avec des têtes de bois à la main ; ils ont eu l'indiscrétion de prétendre que c'était à eux de coiffer les dames. Ils ont abusé d'arrêts qui nous sont étrangers pour faire emprisonner plusieurs d'entre nous ; ils nous tiennent le rasoir sur la gorge ; et c'est contre cette tyrannie que nous nous trouvons aujourd'hui forcés d'implorer le secours de la justice...
Il faut faire une très grande différence entre le métier de barbier-perruquier et le talent de coiffer les dames ; la profession de perruquier appartient aux arts mécaniques, celle de coiffeur de dames appartient aux arts libéraux.
Nous ne sommes ni poètes, ni peintres, ni statuaires mais, par les talents qui nous sont propres, nous donnons des grâces à la beauté que chante le poète. C'est souvent d'après nous que le peintre et le statuaire la représentent et, si la chevelure de Bérénice a été mise au rang des astres, qui nous dira si, pour parvenir à ce haut degré de gloire, elle n'a pas eu besoin de notre secours?
Les détails que notre art embrasse se multiplient à l'infini, un front plus ou moins grand, un visage plus ou moins rond demandent des traitements bien différents ; partout il faut embellir la nature ou réparer ses disgrâces ; c'est ici l'art du peintre : il faut connaître les nuances, l'usage du clair-obscur et la distribution des ombres, pour donner plus de vie au teint et plus d'expression aux grâces.
Quelquefois la blancheur de la peau sera relevée par la teinte rembrunie de la chevelure et l'éclat trop vif de la blonde sera modéré par la couleur cendrée dont nous revêtirons ses cheveux. L'accomodage varie encore en raison des situations différentes ; la coiffure de l'entrevue n'est pas celle du mariage, et celle du mariage n'est pas celle du lendemain.
L'art de coiffer la prude et de laisser percer les prétentions sans annoncer, celui d'afficher la coquette et de faire de la mère la soeur aînée de la fille, d'assortir le genre aux affections de l'âme qu'il faut parfois deviner, au désir de plaire qui se manifeste, à la langueur du maintien qui ne veut pas qu'on lui résiste ; d'établir des nouveautés, de seconder le caprice et de le maîtriser quelques fois ; tout cela demande une intelligence qui n'est pas commune et un tact pour lequel il faut, en quelque sorte être né. L'art de coiffer les dames est donc un art qui tient du génie et, par conséquent, un art libéral et libre!"
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" ... pour se soustraire à la règle prescrite et observer pour l'entrée des garçons chez les maitres, les garçons s'attroupent tous les jours, tant dans les cabarets et auberges que dans les rues, et forment le complot entre eux, soit de n'entrer aucun chez les maîtres, soit de laisser sans garçon les maîtres chez lesquels ils sont et d'abandonner l'ouvrage qu'ils ont commencé, ce qu'ils ont coutume de faire surtout les veilles de fêtes et dimanches ; que ce débordement produit un effet très pernicieux en ce que, d'un côté nombre de maître ne pouvant se passer de garçons se trouvent obligés d'en prendre sans certificat et sans enregistrement au bureau et, que de l'autre, les garçons ne viennent plus se faire enregistrer, ce qui forme le plus grand désordre.
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Duplan et le Petit- Alsacien réalisent les « coiffures d'artistes », déjà pré-romantiques : « ...il doit régner dans cette coiffure une négligence, un abandon, un laisser-aller et je ne sais quoi de vague qu'un perruquier vulgaire ne pourra jamais attraper. Elle est tout à la fois poétique, énergique, tragique, comique, mélancolique, ossianique, romanesque et pittoresque. Tantôt, ce sont de longues mèches qui pendent ou s'élèvent ; tantôt, ce sont des cheveux bouclés, ondulés ou hérissés. Une tête de méduse semble avoir servi de modèle, et souvent on pourrait aborder nos artistes avec cette aimable question : « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?
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Bigot de Sainte-Croix, à l'égal de Blervache, était l'auteur d'un pamphlet contre les corporations : "Essai sur la liberté du commerce et de l'industrie".
Delacroix continuait ainsi :
"Mais réformer n'est pas détruire, et son ouvrage ne sollicite que la destruction. Il ne veut voir dans les arts et métiers qu'une multitude confuse qui se presse, qui s'agite, qui s'humilie pour attirer le salaire du consommateur, et il ne sent pas qu'il résultera de ce désordre que les ouvriers seront inhabiles parce qu'ils n'auront fait qu'un apprentissage très court et qu'ils croiront cependant beaucoup savoir, par la raison qu'ils seront devenus les égaux des maîtres ; que les marchands n'attendront plus paisiblement et avec décence le consommateur ; qu'ils ne formeront plus qu'un assemblage de juifs, de colporteurs, d'anciens domestiques qui s'insinueront bassement dans les maisons." L'antisémitisme des communautés traverse les siècles ; Pour le reste, ce texte, ne manque pas de bon sens.
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Saint-Pierre, (Ch 3, v.3) :
« Que votre parure ne soit pas celle du dehors : cheveux tressés et cercle d'or et vêtements bien ajustés, mais l'être caché au fond du cœur dans l'incorruptibilité d'un esprit doux et paisible : voilà ce qui a du prix devant Dieu. »
Épitre aux Corinthiens, (Ch 11, v.13-14) :
Saint-Paul.
« Convient-il qu'une femme prie Dieu sans voile ? La nature, elle-même, ne vous enseigne-t-elle pas que c'est une honte pour l'homme de porter les cheveux longs, tandis que c'est une gloire pour la femme de les porter ainsi ? Car la chevelure lui a été donné en guise de vêtement. »
« Toute femme qui prie ou qui prophétise, le chef non voilé, fait honte à son chef ;
« Que les femmes aient une tenue décente, une parure pudique et modeste : ni tresse, ni or, ni perles, ni vêtements de prix... »
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François Olivier, chancelier d'Henri II, après avoir été celui de François 1er, essaie de réprimer l'excès de faste par toute une série d'édits somptuaires : "Maintenir la décence publique et la distinction hiérarchique du rang est un des devoirs importants du pouvoir". Selon la conception médiévale du costume, à chaque classe sociale était réservé l'usage de certains tissus et de certains ornements.
Bien évidement, ces édits provoquèrent un tollé et ne furent appliqués que durant peu de temps, et encore avec des aménagements. Les hommes comme les femmes étaient visés, car, pendant cette période, la somptuosité du costume masculin égalait, sinon dépassait, celle du costume féminin.
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A la fin des années 1830, la ligne générale de la coiffure tend à s'abaisser. La masse des boucles ou des anglaises est répartie de chaque côté des joues, tandis que les bandeaux sont lissés à la pâte de coing ou à la brillantine, invention toute réccente.
On affectionne particulièrement les coiffures historiques dans le goût médiéval ou renaissance : à l'Isabeau de Bavière, à l'agnès Sorel, à la Marguerite de Bourgogne, ou encore à la Diane de Poitiers. C'est à cette occasion que sera remis à l'honneur le port de la ferronière, sorte de mince ruban, ou chaîne ornée d'un bijou ceignant le front.
Les cheveux peuvent également être tressés à la Berthe ou à la Clothilde.
Malgré la variété des noms, la coiffure la plus courante est en bandeaux lisses, agrémentée de touffes d'anglaises ou « tire-bouchons » de part et d'autre du visage, le reste de la chevelure noué en chignon sur la nuque.
L'usage des peignes est moins fréquent qu'à la période précédente ; on utilise plus les rubans et bijoux, et surtout les fleurs fraîches. La malicieuse Delphine de Girardin souligne avec humour les inconvénients de cette mode : « A la fin du bal, les roses noircissent, les camélias jaunissent, les feuillages flétris s'inclinent douloureusement ; vous partez avec une guirlande, vous revenez avec une salade !... »
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"Imaginez, écrit E. de Goncourt, cette mode. Le prodigieux pot-pourri de toutes les modes du XVIIIe siècle travaillées, renouvelées sans cesse, raffinées, perfectionnées, maniées, remaniées tous les mois, toutes les semaines, tous les jours, presque à chaque heure par l'imagination de six cents coiffeurs de femmes... Ce qui vole dans l'air, ce qui passe, l'évènement, le grand homme de l'instant, le ridicule courant, le succès d'un animal, d'une pièce ou d'une chanson, la guerre dont on parle, la curiosité à laquelle on va, l'éclair ou le rien qui occupe une société à laquelle on va, l'éclair ou le rien qui occupe une société comme un enfant, tout crée ou baptise une coiffure..."
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