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Critique de Acidus


Qui n'a jamais souhaité utiliser une machine à remonter le temps pour y rencontrer un illustre personnage ? le protagoniste de « Voici l'homme », Karl Glogauer, use du voyage temporel pour voir de ses propres yeux Jésus Christ lui-même. Excusez du peu !


Par sa base science-fictionnelle liée au voyage dans le temps, Michael Moorcock propose une vision iconoclaste de la figure christique ; celle d'un homme avec ses peurs et ses doutes qui, porté par L Histoire, endossera un costume trop grand pour lui. En cela, la démarche de l'auteur rappelle celle de Níkos Kazantzákis avec son roman « La Dernière Tentation du Christ » (adapté au cinéma par Martin Scorsese) avec une dimension SF que reprendra quelques années plus tard Andreas Eschbach  avec « Jésus Vidéo ». On est loin de cette dualité affirmée par l'Eglise d'un Jésus de Nazareth d'essence divine et de nature humaine. Dépassant même la doctrine arienne, Moorcock pousse le blasphème en faisant du Christ un homme du XXème siècle, dépressif de surcroît. le message est clair. L'écrivain part du postulat, déjà soulevé par le mouvement matérialiste, que la religion chrétienne s'est construite sur un mythe provoquée par un de ces nombreux messies et prophètes écumant la Judée à cette époque ; un homme ordinaire dépassé par ce qu'il a créé. Torturé par la vérité qu'il est le seul à connaître, Karl Glogauer va endosser le rôle de Jésus afin de conserver cette ligne historique et religieuse dont il fut baignée dès son enfance.


On retrouve là ces fameux paradoxes omniprésents dans les histoires de voyages temporels. Ici, le voyageur entreprend donc de créer le christianisme, religion dont adhérera, sans en connaître l'origine, son Moi du futur. La fin de « Voici l'homme » laisse toutefois une marge au doute et au questionnement, faisant place à l'imagination du lecteur. L'intelligence de la plume de Moorcock contrebalance le manque de suspens de l'histoire. L'auteur s'attarde davantage sur l'aspect psychologique de son personnage et, de ce côté, c'est une réussite. En revanche, j'ai été moins emballé par la structure narrative avec ce jonglage entre le XXème et le Ier siècle. Cela a tendance à casser le rythme de l'intrigue et son action immersive.


Religieusement incorrect, « Voici l'homme » pose de bonnes bases de réflexions. Je regrette cependant un déséquilibre dans sa narration. Intéressant.
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