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Critique de MarieLiebart


La perte de la santé emporte avec elle une part de notre humanité. Dépourvus de cet inestimable sésame, nous entrons dans un univers parallèle où l'être que nous étions va se voir rétréci et limité à prendre les contours d'un numéro de dossier, d'un cas clinique, d'une pathologie...

Avoir un cancer, c'est être entouré de "trop" : trop d'attention, trop de compassion, trop de pitié pour certains, trop de rejet ou trop de dégoût pour d'autres, trop d'odeurs de médicaments, de décrépitude, de mort, dans les distorsions du corps et de l'âme.


Alors, pour surnager et se retrouver, Sandra, d'instinct, va suivre un collectif de sans-papiers. Elle va joindre son naufrage au leur, s'investir pour remiser la maladie et puiser au coeur de leurs énergies, de leurs espoirs, la force de reprendre les rênes de son existence, de ne plus se laisser diriger, de sortir de l'état de passivité.


Thierry Moral nous balance le cancer en pleine figure sans sommation, sans ménagement. Ce qui détruit et condamne ne peut se faire léger ni doux. Mais en tournant, par touches discrètes, la douleur en poème, en rythmant le difficile d'échappées de mots en rimes, il nous ramène à l'espérance à coups de plume et à l'ardent désir d'embrasser cette foutue vie coûte que coûte.
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