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Critique de Romileon


Quand la narratrice se rend à Crottarda, une vallée retirée de tout en Italie, elle sait qu'elle va dans un endroit où le soleil n'apparait que quelques heures par jour, et encore, pas toute l'année. En effet, la vallée (qui se révèlera être une doline effondrée) est encaissée et exposée de telle sorte que le village ne reçoit que quelques rayons de soleil alors que le village d'en face, Autélor, bénéficie d'une ensoleillement exceptionnel.
Pourtant, elle s'y rend de son plein gré pour un séjour d'études comme ethnomusicologue. Elle se souvient que lors de ses vacances d'enfant elle écoutait le chant des bergers qui, d'un sommet à l'autre, échangeaient des nouvelles, blaguaient, discutaient. Elle se souvient de l'envoutement que produisait ces chants. Elle tient donc là un merveilleux sujet d'études.

Elle trouve à se loger chez une habitante, Mme Verdiana et partage quasiment sa chambre avec une orpheline de 16 ans, Bernardetta. Sauvage, fantasque, la jeune fille court la montagne, court surtout la forêt moussue, humide, pleine de champignons, s'introduit dans des cavernes et raconte des histoires à dormir debout.
Si sa présence étonne les villageois qui ont l'habitude de se déguiser en monstres pour accueillir les rares visiteurs, on la reçoit avec de la bienveillance jusqu'à elle commette l'impair de se rendre à Autélor, chez Ceux-là.
Immergée dans cet environnement froid, humide, sombre, elle finit par ne plus savoir quoi croire. Que sont ces chants ? Si ce ne sont pas les bergers, qui est-ce ?
Voici un récit que j'ai trouvé envoutant comme le chant mystérieux qui résonne dans les nuits de Crottarda. Il est envoutant par son étrangeté, par les personnages rencontrés au fil du séjour de la chercheuse, par la complicité et peut être même l'amitié qui se noue entre elle et Bernardetta, par les querelles ancestrales qu'entretiennent les habitants des deux versants pourtant absolument isolés du reste du monde, par les non-dits et les rejets des Crottardais qu'on ne comprend pas trop et qui créent un malaise de plus en plus pesant jusqu'à laisser penser que le lieu est menaçant.

Alors des oscillations, il y en a.
Celles des chants d'abord qui semblent si beaux bien qu'inquiétants. Celles des habitants du village qui oscillent entre bon accueil et exclusion. Celles de la forêt où se balance des mousses ancestrales accrochées aux branches des arbres. Celles des expéditions vengeresses entre Ceux d'en haut et Ceux d'en bas.
J'avais déjà beaucoup aimé le chien, la neige, un pied du même auteur mais je dois dire que le côté irréel de ce récit, sa dimension fantastique voire fantasmagorique m'ont beaucoup plu. L'ambiance est glauque au possible et pourtant il y a aussi quelque chose de féérique, de merveilleux…

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