Ulysse Nobody, un acteur sur le déclin, viré de son dernier emploi à la radio, se retrouve à deux doigts de la clochardisation. le dernier rôle qu'on lui propose est de devenir le candidat aux législatives pour le parti d'extrême droite.
Gérard Mordillat aime titiller le monde de la politique dans son oeuvre, et son antifascisme n'est un secret pour personne. Mais il reste ici tout en retenue, on sent presque une sympathie pour son personnage central, même s'il fait bien sentir qu'il se fourvoie complètement, l'histoire raconte les errements, les raccourcis et les détournements d'idées. Seul le personnage de Marilyn est vraiment caricatural, dans le genre raciste décomplexé. le graphisme est très simple, une colorisation en aplats, un trait régulier assez neutre, simplifié au maximum pour une lecture comme celle d'une pièce de théâtre, un graphisme adapté à l'écriture du
Gérard Mordillat.
C'est une évidence, Franck de la Personne a été le sujet d'inspiration de l'auteur. Des faits réels sont mêlés à la fiction, c'est la société politique d'aujourd'hui, il est question de Macron, du déclin des partis historiques,
Parti Socialiste et Républicains, de l'avancée de l'extrême droite dans les régions du Nord… C'est une satire politique, un farce malheureusement très réelle, du
Gérard Mordillat tout craché, acide et grinçant.
Peut-être que ce rapport trop proche de la réalité m'a laissé un peu froid, difficile d'éprouver la moindre émotion, c'est un peu ce que je reproche à ce récit, qui nous laisse au niveau du simple constat, malgré une fin plus romanesque que la réalité, mais en même temps, pas vraiment originale. J'ai aimé l'audace du sujet, la finesse des analyses, le style grinçant et satirique qui se maintient dans une retenue parfaitement maîtrisée, mais peut-être que le peu d'humour, de folie et de fantaisie en font une lecture qui manque un peu de relief et d'émotions. J'ai aimé, sans être vraiment emballé.