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Critique de Jultomten


Il souffle en effet un vent de révolte dans Julie ou la dissolution de Marcel Moreau. Initialement publié en 1971, ce texte contient la même envie de bousculer les conventions que celle qui a animé les événements de mai 68.

Julie Malchair est engagée comme dactylo pour une revue scientifique. Très rapidement, il semble évident qu'elle n'est pas pas à sa place au sein de l'équipe de rédaction ; peu encline à travailler, elle enchaîne les erreurs sans s'en formaliser. Hasch, séduit par la beauté hypnotique de la jeune femme, place pourtant beaucoup d'espoir en elle, convaincu que sa simple présence pourra bouleverser son quotidien et celui de ses collègues.

"J'ai découvert une Julie différente, plus insouciante, distraite, embellie encore par je ne sais quel surcroît d'incapacité professionnelle. Ce matin-là, elle m'a à peine accordé un regard. Arrivée naturellement en retard, elle s'est assise sur une armoire. Ses jambes, animées d'un mouvement pendulaire, frappaient la porte métallique. Justement, elle a demandé l'heure. Quelqu'un lui a répondu et comme si elle n'avait attendu que cette précision pour agir, elle s'est laissé glisser de tout son long sur la table. Sa tête est tombée sous celle de Mille, qui a sursauté. Raulier, qui était plongé dans un article sur l'acide, a bondi. Il avait devant lui le milieu de Julie, c'est-à-dire tout le mystère ventral et sexuel."

En lisant Julie ou la dissolution, je n'ai pu m'empêcher de penser au film Teorema de Pasolini. le personnage de Julie est en effet, dans sa dynamique avec ce qui l'entoure, assez proche de celui du Visiteur.Sortie d'on ne sait où, elle est empreinte d'un caractère mystique indéniable qui va profondément transformer chacune des personnes qu'elle rencontre. A priori peu adaptée au milieu dans lequel elle débarque, Julie va peu à peu imposer, sans en avoir l'air et sans doute sans jamais en avoir totalement conscience, l'idée que ce n'est peut-être pas elle l'anomalie, mais le sérieux liberticide du monde du travail. Julie incarne un désir de liberté, une fougueuse envie de se sortir d'un mode de vie aliénant. Dans une langue joyeuse, le roman de Marcel Moreau questionne, ou devrais-je sans doute dire conteste, la société en faisant se confronter la rigueur scientifique du magazine et la séduisante et sulfureuse créativité de Julie.

Chez Marcel Moreau, ce désir de liberté inconditionnelle passe aussi par le travail d'écriture. Marcel Moreau écrit d'une manière qui ne semble appartenir qu'à lui, donnant aux mots un pouvoir ludique particulièrement réjouissant à lire. Il sait également y insuffler de la sensualité, mais qu'importe l'effet recherché, les mots de Marcel Moreau s'imbriquent pour donner naissance à des images étonnantes.

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