AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Laurence64


Il était une fois dans le petit village anglais d'Hartlepool, l'ignorance régnait.
Enveloppés, non dans l'habituel fog, mais dans une bêtise insondable, les habitants aussi incultes qu'idiots (ou idiots parce
qu'incultes) insultaient à qui mieux mieux les villageois voisins et vouaient une haine indéfectible à ces mangeurs de grenouilles et d'escargots qu'étaient (sont?) les Français.
La bonne fée de la bêtise humaine, infatigable au cours des siècles, leur offrit le naufrage d'un bâtiment français. Au milieu des débris du bateau, un chimpanzé soigneusement vêtu par un imbécile Français à la mode soldatesque française survécut. On appelle cela tomber de Charybde en Scylla avec un peu de lettres ou avoir la scoumoune dans un registre plus simple.

La brave bête essaya ses quenottes sur le pasteur local, lequel ne fit pas preuve du pardon que l'on aurait pu attendre de lui. La bestiole fut déclarée humaine malgré tout. Une fois n'est pas coutume. Elle eut pu croire en une promotion. Que nenni! Elle fut affirmée de nationalité française et donc ennemie de la mère patrie.

Il était donc une fois des hommes n'ayant jamais vu ni singe ni Français. La confusion avec un ouistiti aurait été inexcusable. Celle avec un chimpanzé était plus légitime. D'autant que la fée de la bêtise humaine n'était pas, en ce XIX° siècle, soumise aux 35 heures.
L'animal eut un procès au cours duquel il goûta son avocat et non sa plaidoirie. L'animal fut pendu avant que le papa du petit Charles Darwin, médecin de passage forcé sous les cieux d'Hartlepool, ne reconnaisse en lui un singe.
Mais qu'importe le flacon… La bonne fée était en pleine forme.
Le singe était français!

Cette délicieuse légende anglaise qui épingle les habitants d'Hartlepool m'aurait séduite davantage si l'absurde avait été davantage poussé. La charge contre le nationalisme y aurait gagné avec une mise en scène plus échevelée. Cette fable anglaise manque de cet absurde si anglais qui enroule dans les éclats joyeux de la plus extravagante cocasserie toute dénonciation politico-sociale.
Peut-être ai-je encore en mémoire le merveilleux Arthur Koestler (naturalisé britannique) dans ses réflexions contre la peine capitale. L'absurdité poussée au paroxysme du code sanglant anglais m'avait arraché quelques hennissements, braillements et grognements face à ces procès d'animaux qui, un jour, proliférèrent dans la perfide Albion. Et à grands coups de rires, je n'avais jamais cessé de militer pour l'abolition de la peine de mort.

Le singe de Hartlepool, tout français fut-il, aurait gagné à être pendu par un scénariste anglais.
Commenter  J’apprécie          413



Ont apprécié cette critique (34)voir plus




{* *}