Citations sur Les décisions absurdes, tome 2 : Comment les éviter (6)
Moins jouissif et divertissant que le premier opus, plus sec, pédago et technique, mais complément nécessaire à son prédécesseur . Où l' on apprend entre autres que l'armée française, la grande muette, la psychorigide de Verdun, est en réalité l'institution la plus innovant dans la lutte contre les décisions absurdes ! (l'armée de l'air attention ! Faut pas déc' non plus) Rien que pour cette lutte contre un préjugé bien enraciné dans nos contrées, ce tome 2 vaut le détour.
Dans l’aviation, on sait depuis les années 1970 que les erreurs de pilotage restent le problème de sécurité principal en dépit de la multiplication à l’infini des procédures et des systèmes techniques de protection. Les autorités aéronautiques en ont déduit que les erreurs de pilotage proviennent pour une large part de facteurs humains et ont mis en place des formations aux facteurs humains (CRM), dans les processus de formation technique des équipages. Il s’agit d’un enseignement sur le fonctionnement des groupes, la prise de décision, la gestion des conflits interpersonnels, la perception de la réalité, etc. Il s’agit en quelque sorte d’une éducation des pilotes à la psychologie et la sociologie du cockpit.
L’objectif de la non-punition des erreurs est d’inciter les acteurs à ne pas cacher, par peur des sanctions, des informations déterminantes pour éviter la reproduction de ces erreurs. Cette politique a été inaugurée dans l’aéronautique.
Quand le pilote en fonction est le commandant, s’il se trompe, il est difficile au copilote de le lui dire et de rectifier l’erreur ; dans la situation inverse, corriger le copilote ne pose aucun problème au commandant. Ce mécanisme est confirmé par les données des vols enregistrées : dans le schéma où le commandant de bord est en fonction, le cockpit a tendance à être plus silencieux, moins interactif que dans le schéma inverse.
Dans l’aéronautique, les erreurs de décision sont rares, mais, lorsqu’elles surviennent, elles se révèlent souvent dévastatrices. Pour les éviter, cette profession a été incitée à repenser radicalement ses façons d’agir. Cela l’a conduite à inventer des modes d’organisation novateurs, comme la collégialité dans le cockpit, la non-punition des erreurs et la formation systématique aux facteurs humains.
Qui pense peu se trompe beaucoup.
LÉONARD DE VINCI.