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Critique de Julitlesmots


Fuir son pays d'origine n'est certainement pas une chose simple, ni un choix. C'est l'exil pour la survie. Les personnes qui n'y ont pas été confrontées, ont malheureusement du mal à comprendre que l'on fuit souvent pour sauver sa peau, et non par envie de confort. Si vous prenez le temps de discuter avec une personne dans cette situation, vous ressentirez sa douleur d'avoir eu à abandonner sa terre, sa famille, et ses repères. En l'écoutant, vous aurez la chair de poule et vous ne pourrez pas vous empêcher d'avoir les yeux mouillés ! Il faut juste apprendre à écouter et avoir de l'empathie pour le genre humain.

Bien entendu, il y a de tout, lors des vagues migratoires, mais il y a surtout des larmes, de la peur…

Laissez-vous aller, un peu, à être bercé par les histoires de ces personnes meurtries…

Je ne souhaite à personne de vivre, ce que des familles entières vivent et à travers « de l'autre côté, la vie volée », Aroa Moreno Durán, nous parle de cette pudeur que la première génération d'exilés a. Une pudeur qui peut être destructrice, car la deuxième et troisième génération, aura parfois, du mal à trouver sa place dans ce pays d'accueil.

Pour fuir la guerre civile qui sévit en Espagne, un couple s'exile en Allemagne, Berlin plus particulièrement. Katia et Martina, leurs deux filles, sont nées de cet exil, elles font, et doivent faire la fierté de leurs parents, surtout de leur père. En 1962, le mur sépare Berlin en deux… La famille se retrouve du mauvais côté… Pourtant, la vie va continuer, Katia et Martina représentent la première génération de la jeunesse communiste.

Première génération d'exilés, première génération de jeunesse communiste, un poids pèse sur elles, pourtant la discipline dont elles sont entourées et qui les caractérise, va éclater, le jour où Katia, va faire rencontrer, Johannes qui vit de l'autre côté du mur… Une rencontre qui va bouleverser sa vie…

Un bouleversement amoureux, bien entendu, mais ce n'est pas ce qui prime dans ce roman. Ce qu'évoque l'auteur, c'est le déracinement. le premier totalement inconscient et le second fait par choix, sans avoir mesuré les conséquences…

Katia en passant la frontière, ne se sentira jamais à sa place. Cette place qu'elle a la sensation d'avoir volée, cette vie heureuse, qu'elle a la sensation de ne pas mériter… Elle quitte tout, mais sans penser aux conséquences, sans se projeter, elle a la fougue de sa jeunesse et l'amour pour seule arme…

Il y a un découpage intéressant à souligner, avant la fuite de Katia, la grande période de sa vie en Allemagne de l'Ouest et dans un troisième temps, son retour aux sources, grâce à Johannes qui ne souhaite qu'une chose, que sa femmes soit heureuse. Tout cela sans jamais le formuler… Il y a de la pudeur dans tous les personnages. Une pudeur palpable, entre les lignes. La pudeur, le silence, les non-dits de chacun qui ne feront que creuser le faussé entre ces âmes meurtries…

En filigrane, le contexte historique est évoqué par Katia, mais d'une manière détachée, comme si rien ne la touchait vraiment. Un détachement qui semble nécessaire pour qu'elle puisse supporter le déracinement. Je me suis demandée ce qu'il était advenu de sa famille en RDA, on l'apprendra plus tard…

Katia, pensait trouver sa voie, se trouver… Mais dans sa fuite, elle ne fera que se perdre un peu plus.

Déracinée par ses parents, elle se l'impose également à son tour… le détachement dont elle fait preuve, démontre sa quête identitaire. Elle pensait oublier d'où elle venait, mais le passé se rappel à elle, car le passé ne s'oublie pas. Si on l'enferme, il revient comme un boomerang…

Les sujets abordés sont multiples et très bien mis en valeur, portés par une plume contemplative, mais pas ennuyeuse. Une plume un brin poétique par moment, qui rend hommage aux exilés, à leur sacrifice, à la construction de soi, mais surtout à l'acceptation de la différence.

Lien : https://julitlesmots.com/201..
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