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Critique de Milllie


Les orchidées rouges de Shanghai raconte le destin tragique de Sangmi, jeune coréenne de 14 ans dont le seul tort a été de se faire remarquer en étant bonne élève, ce qui a conduit à son enlèvement par des soldats japonais. Emmenée en Mandchourie, elle deviendra une "femme de réconfort", emprisonnée dans une maison close destinée aux soldats japonais. Son destin semble alors irrémédiablement lié à celui de l'armée nippone, qu'elle suivra au fil de sa conquête de l'Asie.

J'ai tout d'abord beaucoup apprécié cette lecture de par la finesse et le soin que met l'auteur à décrire la vie quotidienne en Corée dans les années 30 et à brosser le portrait de son héroïne, rejetée par ses parents et mise en pension dans un petit village de pêcheurs du Sud de la Corée. La description de l'occupation japonaise, puis de l'enlèvement de SangMi par les japonais et du voyage des jeunes et très jeunes filles kidnappées jusqu'à la Mandchourie, sans que celles-ci se doutent une seconde du sort qui les attend (les japonais leur ayant fait miroiter le fait de s'exiler en échange d'un travail bien rémunéré) est glaçante et nous replonge avec horreur dans ces événements pas si lointains et gardés secrets si longtemps. On sent que l'auteur connaît bien son sujet, l'histoire de la Corée et du Japon et les petits détails de la vie quotidienne qui rendent son récit très réaliste et attachant.

Malheureusement la deuxième moitié du livre m'a complètement perdue. Après la Mandchourie, SangMi est d'abord envoyée à Shanghaï où elle va vivre mille aventures, passant de la maison close pour soldat à une histoire d'amour / haine avec son protecteur japonais qui lui fera côtoyer la bonne société shanghaienne de l'époque. Même si cela commence à faire beaucoup, cette partie sonne encore très juste de par sa plongée dans le contexte historique et dresse un portrait vibrant de la ville de Shanghaï et du contraste entre la pauvreté, les horreurs de la guerre et la vie privilégiée des riches et des colons qui ont choisi de fermer les yeux sur ce qui se passe autour d'eux. C'est après que ça se gâte : d'aventure en rebondissement, de coups du sort en retournements de situation fort opportuns, le personnage de SangMi semble n'exister que pour permettre à l'auteur de dresser un compte rendu exhaustif de toutes les horreurs de la guerre et des exactions de l'armée japonaise. Au fil des pages, on passe par un camp de prisonniers, on découvre les expérimentations menées par les médecins japonais sur leurs captifs, on fait un petit détour par la Chine qui lutte contre l'occupant nippon, puis c'est reparti pour la conquête de Singapour par l'armée japonaise, puis toujours plus loin à Java et dans les îles du Pacifique... Et au milieu de toutes ces horreurs, notre héroïne trouve le temps de tomber amoureuse plusieurs fois (d'hommes ou de femmes, c'est selon) et sauve miraculeusement sa vie même dans les pires dangers ou quand elle est proche de la mort, y compris par des rebondissements assez invraisemblables et cousus de fil blanc.

Comme en plus cette partie n'échappe pas à de nombreux clichés (ah la description de la population malaise avec les "Malais au regard jaloux", les "Chinois gras et rusés" et les "Sikhs racés, enturbannés de blanc et prêts à brandir le sabre qui défend leur honneur"), j'ai eu vraiment du mal à m'accrocher et à finir ce roman qui m'a paru de plus en plus agaçant et a fini par franchement m'énerver avec son final encore plus rocambolesque que le reste. Dommage de rester sur cette mauvaise impression, d'autant que l'auteur semble s'être inspirée au départ d'un témoignage réel : je retiendrai donc plutôt de ce roman sa première partie et la description d'une partie de l'histoire coréenne-japonaise qui a longtemps été tenue cachée malgré le fait qu'elle ait irrémédiablement brisé la vie de milliers de jeunes femmes.
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