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Critique de Nastasia-B


Lucky Luke Contre Joss Jamon, datant de 1958, est chronologiquement le onzième album de Lucky Luke dessiné par Morris mais seulement le deuxième scénarisé par René Goscinny. À partir de cet album, la collaboration entre le dessinateur et le scénariste ne s'arrêtera plus, jusqu'à la mort prématurée de ce dernier en 1977.

Cet album marque un tournant tant esthétiquement que sur le plan du caractère du personnage de Lucky Luke ou l'ambiance générale de la série.

Esthétiquement, Morris commence à utiliser fréquemment les fonds monochromes qui pulluleront par la suite et qui sont une marque de fabrique de la série. La morphologie de Lucky Luke se simplifie peu à peu et évolue vers ce que nous connaissons aujourd'hui.

Dans cet album, René Goscinny annonce déjà quatre personnages qui vont devenir mythiques, à savoir les quatre "cousins" Dalton, sachant que les originaux avaient été dégommés par Morris dans Hors-La-Loi.

Mais surtout, dans cet album, Goscinny rode ce qui va devenir sa formule pour beaucoup d'albums à venir, à savoir, non plus seulement des duels inter-individuels d'où Lucky Luke sortira toujours gagnant parce qu'il est un vrai dur comme c'était le cas dans la période où Morris pilotait seul son héros, mais aussi et surtout, le contact avec une population, une ville. Goscinny ne se prive déjà pas de fustiger la poltronnerie collective, mais c'est encore pâle comparativement à ce qu'il développera dans les albums suivants.

Bon, je vous ai assez parlé des albums suivants, qu'en est-il dans celui-ci ? Et bien c'est le début des ennuis avec la censure pour Goscinny. (Morris avait déjà été censuré auparavant.) L'édition belge diffère notablement de l'édition française, toute la première planche ayant été jugée en France comme contraire aux bonnes moeurs et cultivant l'ambiguïté sur le statut de malfrat de Joss Jamon, voire faisant l'apologie du banditisme.

L'ironie de René Goscinny fut très mal perçue et l'on a dû considérer en haut lieu, à l'époque, que les petits lecteurs allaient prendre au pied de la lettre des remarques de Joss Jamon du genre : « Devenons bandits ! Il y a ici des hommes de valeur pouvant faire la fortune de toute entreprise malhonnête ! » et « À cheval, mes braves ! L'avenir est à nous !... » de même, la version belge dit que " six hommes " ont été démobilisés après la Guerre de Sécession alors que la version française appuie bien sur le fait que ce sont " six sinistres individus ". (N. B. : Les tomes 19 et 20 seront également censurés à leur sortie, le tome 20 a aujourd'hui retrouvé sa forme originelle, mais la couverture du tome 19 n'a jamais été réintégrée. Vive la liberté d'expression française !)

Joss Jamon, donc, souhaite prendre le contrôle d'une ville pour y vivre des rentes de ses trafics en tout genre et y faire régner sa propre loi, très favorable aux gangsters. Lucky Luke, lui, est accusé à tort d'être un malfrat et échappe de justesse à la pendaison. Moyennant quoi, il a six mois pour remettre entre les mains de la justice les véritables bandits que sont Joss Jamon et sa bande.

À noter que le personnage de Pete l'indécis est représenté sous les traits de René Goscinny. de même, d'autres personnages sont caricaturés dans cette aventure, notamment Jean Gabin, mais ce n'est pas le seul.

Bon, je ne vous cache pas que cet album est loin d'être aussi savoureux que beaucoup d'autres qui arriveront dans les années 1960, mais c'est déjà un vrai plus par rapport au nullissime Alerte Aux Pieds-Bleus qui avait précédé. Merci donc à René Goscinny dont l'arrivée donnera tout son souffle et sa succulence à la série. Mais comme toujours, ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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