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Critique de Yaena


A la lecture de la quatrième de couverture je m'attendais à un récit sur l'esclavage. En fait le sujet est traité de façon beaucoup plus large que cela. Ce texte met en exergue la servitude sous toutes ses formes. Asservissement volontaire, involontaire, légal, de fait, à une caste, à un être humain, à l'autre sexe, aux croyances, à un dieu, à l'argent,… Toni MORRISON joue avec les nuances avec beaucoup de talent. Esclavage, servitude, soumission, dépendance, la frontière est parfois mince. Toutes ces notions s'emmêlent, se confondent, se distinguent et surtout cela nous questionne ; parfois brutalement. Jusqu'à quel point un être humain est-il complice de sa servitude ? Dans quelle mesure un être voué à la soumission de par sa naissance, son statut social, sa couleur de peau… est-il complice de sa situation ? - Sortez vos stylos vous avez 4 heures après je ramasse les copies !-
Et puis il y a la question des femmes : quelle que soit la couleur de leur peau leur degré de dépendance est, à l'époque, complètement conditionné par leur sexe. - Hein quoi qu'est-ce que j'entends dans le fond de la salle ? Qui a dit pas qu'« à l'époque » ?-
Bon, je disais, leur liberté se limite à un choix initial plutôt restreint, encore plus quand elles sont pauvres: bonne soeur, prostituée ou épouse dévouée. - Qui a dit bobonne ?! –
Dans ces conditions le concept de liberté fait beaucoup moins rêver. On finit même par se demander si la liberté n'est pas justement qu'un concept abstrait qui n'a jamais existé. – Aïe ! Qui balance des boulettes ? Non je ne suis pas en dépression !-

J'en étais où… ? Ah oui donc… le lecteur est invité tout à tour dans la tête de chaque personnage. Chacun dévoile sa part de mystère mais leurs histoires personnelles étant liées les unes aux autres, petit à petit le puzzle s'assemble jusqu'à prendre tout sa dimension. Chaque personnage prend de l'épaisseur à être ainsi décortiqué sous tous les angles. 4 femmes: 2 blanches, 1 indienne et 1 noire et aucune n'est vraiment libre, pas pour les raisons auxquelles vous pensez. D'ailleurs quand Rebekka pourrait être libre elle choisit une autre forme d'asservissement. Les hommes ne sont guère mieux. Une seule exception, je vous laisse découvrir.

En pointillé derrière ces histoires il y a des petits bouts de l'Histoire des Etats Unis qui nous sont dévoilés. Une Amérique sauvage et faite de grands espaces vierges ou tout est possible mais aussi instable, à commencer par les frontières. – Non à l'époque il n'y avait pas de mur avec la frontière Mexicaine ! Z'avaient pas eu l'idée. Chut j'ai dit ! –

Je disais, une Amérique où des peuples sont exterminés, où des peuples sont asservis pendant que d'autres exploitent cette situation pour s'extirper de la fange et se hisser vers le haut. Une ascension sociale, mais à quel prix ?

Toni MORRISON nous rappelle que la servitude ne se résume pas à l'esclavagisme mais que tous nous pouvons aliéner notre liberté : volontairement ou non, consciemment ou non, sous le poids de la société et de ses moeurs, sous le poids des traditions, des superstitions, ou que sais-je. – Quoi qu'est-ce que tu dis ? L'esclavage c'est du passé ? Toi t'es libre, tu fais c'que tu veux ? Tu peux me le redire en lâchant ton écran des yeux STP ? Ah pardon tu surveilles tes likes, ...libre à toi…
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