Entre conscience et, le plus souvent, inconscience, il se trouvait dans l’incapacité de parler aussi bien à sa famille qu’à la police car la personne qui lui avait tranché les mains l’avait d’abord frappé à la nuque avec une précision implacable – alors qu’il travaillait, tranquille, à son bureau, seul, avant l’aube, fidèle à son habitude –, le laissant inconscient dans la mare de sang qui se coagulait sur le plancher de sa villa du bord de mer.
Il fut un temps, dans ma vie, où rien ne me rendait plus heureux que de plagier les lettres et les manuscrits de mes auteurs préférés. Attention, je n’étais pas le naïf fraîchement débarqué que des marchands d’art prenaient sous leur aile et, si vous voulez, mettaient sur le trottoir en se servant de son talent unique pour empocher des millions et lui laisser les miettes. Non, je mesurais ce que je valais et ce que je faisais. J’avais appris les ficelles et tracé mon chemin. Sans compter que j’adorais mon métier. Il va sans dire que les petits frissons qui m’électrisaient quand j’abaissais ma plume vers une feuille de papier vierge constituaient l’émotion la plus érotique, la plus enivrante, la plus extraordinaire de toutes celles que je pouvais imaginer.
La langue des signes et même le langage, étant donné les lésions cérébrales résultant de son traumatisme crânien, seraient restés à jamais hors de sa portée. Il