AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de essences_litteraires


Chronique : Evaporation philosophique

Que déduire et que faire lorsqu'on découvre être, du jour au lendemain, le dernier humain sur Terre ? Pour répondre (ou non) à cette question : Guido Morselli.

Dissipatio H.G., ou dissipatio humani generis, est l'histoire d'un homme qui revient d'une caverne alors qu'il avait décidé de s'y suicider. Au réveil d'un autre suicide a priori raté, il découvre que les humains ont disparu, comme s'ils s'étaient évaporés. Leurs affaires intactes sont encore là, des voitures accidentées jonchent les routes, mais nulle trace d'une quelconque personne. Seule reste la vie non-humaine, animale et végétale, aux cotés de ce dernier homme.

Avec ce thème, nous sommes évidemment loin du roman de plage. Bien que le narrateur évolue dans divers lieux de cette société vidée de ses humains, il s'agit surtout d'un huis clos mental rempli de réflexions psycho-théo-philosophiques. Malheureusement, le vocabulaire abscons et les nombreuses locutions latines (non traduites) rendent tout cela inintelligible. Il est très difficile de suivre l'auteur, tant au sujet de l'histoire que du sens de sa pensée.

Que tirer en fil rouge de ce brouillard littéraire ? Difficile, très difficile à dire. L'on devine quelques grandes idées. La critique d'une humanité dont l'occupation essentielle est de fabriquer des objets, de l'utilitaire. La critique d'un monde qui oppresse la nature, désormais délivrée de la présence humaine. L'on devine surtout la solitude d'un écrivain incompris, lui qui se suicida (avec succès, contrairement à son narrateur) après l'échec éditorial de ce roman.

Entre la solitude et l'effroi vertigineux du narrateur, quelques passages sont toutefois plutôt cocasses : il en arrive à planter des comprimés de tranquillisants pour faire pousser de meilleurs humains, à calculer l'écoulement des jours dans la moisissure d'un fromage, ou à simuler l'ambiance d'une kermesse à l'aide de mannequins en plastique et de papier mâché. Ce qui donne trois sourires au cours de ces 167 pages de pesanteur ésotérique. Ouf, on évite la crise d'angoisse.

Roman d'introspection hermétique, Dissipatio H.G. correspond à sa couverture : dans un monde vide, au milieu de nuages inquiétants, un homme sombre s'évapore seul dans sa bulle.
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}