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Livre posthume de Guido Morselli, suicidé peu après qu'il en ait terminé l'écriture, refusé par les éditeurs, pour ma part je comprends tant ce texte est confus partant d'une invraisemblable disparition de l'humanité dont l'auteur est le seul survivant. On devrait dire plutôt le seul homme restant car le reste des humains a disparu, sans traces, sans cadavres.

La lecture de ce livre amène à suivre les errements psychotiques et oniriques de ce "survivant" qui se récuse en tant que Robinson des temps modernes et se préoccupe davantage de son environnement, hôtels, aéroport, trains, chalets, bâtiments divers que de l'organisation de sa vraie survie.

Les références philosophiques abondent, notamment à Hegel, mais aussi psychologiques avec Freud et Jung, sans que le lecteur puisse en retirer la substance d'une quelconque réflexion personnelle.

La mort, sans morts visibles, est omniprésente, l'auteur imagine même la possibilité de conversations entre les morts. Pourquoi pas? Cette idée fait partie des quelques-unes qui m'ont plu, mais noyées dans un flot de réflexions auxquelles je n'ai vraiment pas accroché.

La postface de Filippo D'Angelo figurerait mieux en préface pour bien avertir le lecteur de ce qui l'attend avec les divagations sensorielles, psychiques et oniriques de l'auteur. D'ailleurs, cette histoire ne serait-elle pas finalement qu'un rêve? Pas de réponse en la lisant. Chacun peut donc l'interpréter selon sa réceptivité, à sa convenance.
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Derrière ce titre intrigant s'offre une expérience étonnante et quelque peu déstabilisante. L'auteur de ce roman paru initialement en 1973 s'est suicidé après l'échec de ce texte ; cette nouvelle traduction permettra sans doute à d'autres que moi de le découvrir. Je parle volontiers d'expérience car sa lecture provoque des questionnements et oblige à s'impliquer en adoptant des points de vue qui peuvent bousculer les certitudes. C'est intelligent, visionnaire et habile dans la manipulation des concepts philosophiques même si j'avoue que je me suis parfois sentie ignorante face à certains. Ou perdue parmi des références qui m'étaient inconnues. Mais peu importe, l'effet est là, ce texte m'a intellectuellement remuée.

L'histoire est celle d'un homme plutôt solitaire, un brin misanthrope ou plutôt "phobanthrope"* comme il se qualifie lui-même car il a "peur de l'homme comme des rats et des moustiques, à cause des dégâts et des désagréments qu'il ne cesse de produire". Cet état l'a conduit à quitter la ville pour habiter un village de montagne avant d'opter finalement pour le suicide. Pourtant, le jour J dans la grotte où il avait prévu de passer à l'acte, il renonce. Lorsqu'il réapparait à l'air libre, il ne va pas tarder à découvrir qu'il est désormais seul au monde. Les autres humains ont disparu, se sont évaporés ou simplement dissipés dans l'air, laissant leurs effets et les autres espèces vivantes. le voici donc débarrassé de ceux qu'il ne supportait plus, génial non ? Pas si simple tant nos pensées et nos actes sont formatées par nos rapports aux autres. le silence, par exemple, celui que l'on appelle de ses voeux si souvent. "Finalement, ce qui fait le silence et son contraire, c'est la présence humaine, qu'on la désire ou non ; et son manque. Et dans cette fonction, rien ne les remplace." Comment appréhender la fin du monde lorsqu'on en est le seul témoin humain ? Où sont partis les autres ? le phénomène est-il réversible ? Pourrait-on envisager de recréer des hommes mais meilleurs ? Des qui ne détruiraient pas leur environnement par exemple ? A qui destiner ses pensées s'il n'y a plus personne ? Et faut-il continuer à obéir à un certain ordre moral ? Au fil des pages le lecteur est entraîné dans une spirale qui titille délicieusement les méninges et interroge la définition même de l'existence.

Mais ce qui peut apparaître comme une fable trouve un écho remarquable avec notre époque et les enjeux pour l'espèce humaine. Il est de plus en plus désespérant de replonger dans la littérature des années 70 pour constater le nombre d'alertes qui ont été ignorées. C'est aussi ce qui fait la valeur de la littérature. Ici, l'ambiguïté est permanente, le lecteur est maintenu dans le doute, les neurones toujours en alerte. Terriblement stimulant.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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« […] je suis, de temps à autre, phobanthrope, j'ai peur de l'homme, comme des rats ou des moustiques, à cause des dégâts et de désagréments qu'il ne cesse de produire. Ce n'est pas la seule, mais c'est une des raisons qui me poussent à la solitude [...]. Depuis qu'« ils » se font désirer, ou du moins rechercher, je commence sans doute à mesurer leur importance. »

La nuit du 1er au 2 juin, le narrateur, et unique personnage de ce roman, décide de se suicider. A la veille de ses 40 ans, il se résoud à se noyer dans un lac sous-terrain. Mais incapable de sauter, il s'en remet à sa « fiancée à l'oeil noir », son revolver, et tire. le lendemain matin, il se réveille pourtant. Mais le monde a basculé. Celui qui voulait en finir avec la vie, pour fuir ses contemporains, se retrouve le seul homme vivant sur Terre. le reste de l'humanité s'est évanoui, il n'y a plus personne, et c'est incompréhensible.

Dans ce long monologue, G.Morselli nous invite à partager les pensées tantôt cohérentes, tantôt irrationnelles d'un homme qui fait l'expérience de la solitude absolue. Il tient son journal, sachant parfaitement que personne ne le lira, il s'émeut face à la nature, aux animaux, qui se réapproprient aisément les espaces abandonnées par l'humanité : « La nature ne s'est pas aperçue de la nuit du 2 juin. Peut-être se réjouit-elle de réembrasser le reste de la vie après le bref intermède que nous appelions Histoire. ». Mais il ne peut partager cela avec personne.
La grande question demeure : qu'est-il arrivé au reste de l'humanité ? Et une autre en découle : peut-on encore parler d'existence quand on est le dernier homme ? Morselli en fait quelque chose de vertigineux, de drôle et d'angoissant à la fois.
La portée philosophique de ce texte est amplifiée quand on comprend que ce roman, posthume, c'est un peu le testament littéraire de Morselli. En effet, il se suicida quelques semaines après la fin de la rédaction du roman, miné par l'énième refus de publication de ses écrits. L'éclairante postface de Filippo d'Angelo attire notre attention sur les nombreux parallèles entre le narrateur et l'auteur, condamnés tous deux à être des écrivains sans lecteur.
A découvrir absolument !
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La veille de ses 40 ans, le narrateur, ancien journaliste, se retire dans une grotte pour se suicider. Il se ravise et le lendemain, à sa sortie, il est mystérieusement seul. La grande ville de Chrysopolis, tous les hôtels, magasins, bases militaires et aéroports sont déserts. Après plusieurs jours d'errance, il se résigne à accepter l'évidence : l'Humanité s'est évaporée. Dans cette nouvelle solitude, il soliloque longuement sur la fin de l'espèce humaine, et tente de trouver dans la littérature, la religion et la philosophie des explications à cet étrange phénomène. Prisonnier d'un monde vidé de présence humaine, il se questionne sur la tâche qu'il devrait accomplir : est-il un élu ou un damné ?
Paru en 1977 en Italie, ce roman de Guido Morselli est considéré comme son testament littéraire. A travers la misanthropie du narrateur, on retrouve la solitude de son auteur, écrivain incompris qui n'a jamais publié de son vivant et s'est suicidé peu après avoir terminé la rédaction de ce texte. Ce récit fantastique et métaphysique est aussi marquant par la modernité de son discours, à la fois lucide et ironique, sur la civilisation contemporaine, tournée vers la recherche du profit et l'exploitation des ressources naturelles. Une formidable fable écologiste, où l'on voit que la vie sur Terre se poursuit pour les animaux et la végétation, après l'extinction des nuisibles que sont les Hommes.
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La 4ème de couverture de ce classique italien était prometteuse. Mais à la fin de la lecture, je comprends pourquoi ce livre a été refusé par les éditeurs. C'est brouillon, difficile à lire, tant au niveau du langage utilisé que du fil des idées qui me semble très emmêlé. Un livre assez décevant dans l'ensemble. Je n'ai pas bien compris où voulait en venir l'auteur et j'ai au beaucoup de mal à suivre son argumentation. Peut-être est-ce le genre de lecture qu'il faut laisser reposer et puis renouveler pour pouvoir l'apprécier. J'essaierai. On verra ce qu'il en est.

2ème lecture : un peu plus claire que la 1ère ; la 1ère moitié du livre se lit bien, la 2ème part dans tous les sens ; on comprend que l'auteur critique tout et que rien ne va dans la société de son époque (1973) ; globalement je garde la même impression qu'à ma 1ère lecture et je conserve ma note de 2,5/5

Lecture que je ne conseille pas
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Chronique : Evaporation philosophique

Que déduire et que faire lorsqu'on découvre être, du jour au lendemain, le dernier humain sur Terre ? Pour répondre (ou non) à cette question : Guido Morselli.

Dissipatio H.G., ou dissipatio humani generis, est l'histoire d'un homme qui revient d'une caverne alors qu'il avait décidé de s'y suicider. Au réveil d'un autre suicide a priori raté, il découvre que les humains ont disparu, comme s'ils s'étaient évaporés. Leurs affaires intactes sont encore là, des voitures accidentées jonchent les routes, mais nulle trace d'une quelconque personne. Seule reste la vie non-humaine, animale et végétale, aux cotés de ce dernier homme.

Avec ce thème, nous sommes évidemment loin du roman de plage. Bien que le narrateur évolue dans divers lieux de cette société vidée de ses humains, il s'agit surtout d'un huis clos mental rempli de réflexions psycho-théo-philosophiques. Malheureusement, le vocabulaire abscons et les nombreuses locutions latines (non traduites) rendent tout cela inintelligible. Il est très difficile de suivre l'auteur, tant au sujet de l'histoire que du sens de sa pensée.

Que tirer en fil rouge de ce brouillard littéraire ? Difficile, très difficile à dire. L'on devine quelques grandes idées. La critique d'une humanité dont l'occupation essentielle est de fabriquer des objets, de l'utilitaire. La critique d'un monde qui oppresse la nature, désormais délivrée de la présence humaine. L'on devine surtout la solitude d'un écrivain incompris, lui qui se suicida (avec succès, contrairement à son narrateur) après l'échec éditorial de ce roman.

Entre la solitude et l'effroi vertigineux du narrateur, quelques passages sont toutefois plutôt cocasses : il en arrive à planter des comprimés de tranquillisants pour faire pousser de meilleurs humains, à calculer l'écoulement des jours dans la moisissure d'un fromage, ou à simuler l'ambiance d'une kermesse à l'aide de mannequins en plastique et de papier mâché. Ce qui donne trois sourires au cours de ces 167 pages de pesanteur ésotérique. Ouf, on évite la crise d'angoisse.

Roman d'introspection hermétique, Dissipatio H.G. correspond à sa couverture : dans un monde vide, au milieu de nuages inquiétants, un homme sombre s'évapore seul dans sa bulle.
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Une pure merveille. On le lit par curiosité et on finit dans un état second, complètement ébloui à la recherche de réponses à nos propres questions. On ne peut rester indifférent à ce livre, qu'il plaise ou qu'il mette mal à l'aise, il reste en nous.
Livre à faire connaître à son entourage.
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