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Critique de Artelode


La Perle de Pondichéry de Rose Morvan

Un joli conte oriental, entre histoire et imaginaire

Premier roman paru dans la collection VICKY des éditions Gloriana en décembre 2016, La Perle de Pondichéry offre un dépaysement des plus agréables, tout en distillant des faits relatifs à la l'histoire de l'Inde, du temps de Joseph-François Dupleix – gouverneur de Pondichéry et commandant des établissements français de l'Inde à partir de 1742, période que – personnellement – je ne connaissais pas du tout. Les rivalités entre les Anglais et les Français, entre les principautés indiennes, la dissolution de l'empire Moghol dont profita Dupleix pour asseoir la présence française en Inde, participent de l'intrigue, simple mais prenante et bien ficelée, que nous savourons au fil des pages. le roman de Rose Morvan mêle habilement Inde historique et Inde fantasmée – celle qui a ouvert la voie à bon nombre de contes merveilleux et d'histoires fabuleuses, éveillant ainsi nos sens et nos imaginaires de voyages.

Un manuscrit voyageur

Le récit de Rose Morvan est présenté comme un manuscrit ayant vécu plusieurs vies à Pondichéry, en France et en Angleterre. Déniché lors d'une vente aux enchères, l'actuelle propriétaire aurait alors décidé de publier l'histoire… Cette mise en abyme du texte accroche immédiatement, laissant planer un plaisant mystère autour de sa valeur, de ce qu'il contient. Et l'on a qu'une envie : s'y plonger. Il faudra attendre l'épilogue pour en apprendre un peu plus sur l'histoire de ce manuscrit qui, de toute évidence, a suscité bien des interrogations…

Une plongée dans l'Inde du XVIIIème siècle

Limpide, élégante et onirique, l'écriture de Rose Morvan nous entraîne au coeur de la cité de Pondichéry, dont les descriptions évoquent le raffinement oriental ainsi que les diverses influences. le cadre sied parfaitement à l'intrigue et aux relations qui se nouent entre les personnages, en harmonie ou par contraste. Chez Monsieur Dupleix, un bal est organisé – nous l'apprenons très tôt dans le roman. Mondanités, jeux de séduction et badinages, auxquels le couple Dupleix et les prestigieux invités se prêtent avec plaisir, ne sont en fait que la partie émergée de l'iceberg. On le ressent très fortement dans le roman. Dès lors qu'une menace, qu'un événement déplaisant ou inattendu apparaît, chacun semble prêt à retourner sa veste (ou plutôt sa somptueuse robe ou ses bas de satin…) en un clin d'oeil. On ne plaisante pas avec le pouvoir…
Un petit bémol, toutefois, concernant les dialogues que j'aurais aimés plus percutants. S'ils livrent des informations essentielles et constituent une belle matière à réfléchir, ils perdent un peu en poésie et contrastent avec les magnifiques descriptions du récit. Pour me contredire immédiatement, j'attribue néanmoins une mention spéciale aux silences et aux paroles de Gayatri – mère d'Ayesha, connaisseuse des herbes, onguents et autres potions – que j'ai trouvés particulièrement éloquents…

Des personnages émouvants

Que dire de la princesse Haydée ? Sous ses airs de jeune fille capricieuse, elle n'en est pas moins une héroïne sensible, maniant le langage avec dextérité et capable de tout mettre en oeuvre pour une cause qui lui importe. Certes, elle exerce son pouvoir de façon parfois brutale et mène son petit monde à la baguette, à commencer par la dévouée Ayesha qui lui a été « réservée » depuis sa naissance ou encore Gayatri qu'elle peut appeler à tout moment du jour et de la nuit, selon son bon vouloir. Mais, dès lors qu'il s'agit de rendre justice, elle outrepasse les règles, oubliant le poids des traditions, laissant de côté l'orgueil et le côté stratège qui la caractérisent. Les relations qu'elle tisse avec les autres personnages montrent sa capacité à faire des choix et laissent entrevoir la façon dont elle gouvernera plus tard. Cependant, j'aurais apprécié davantage de rébellion de sa part contre ses parents. Il m'a semblé que la relation à son père restait, pendant très (trop) longtemps, puérile, et que sa mère n'existait pas suffisamment en tant que personnage, alors que se jouent dans le roman des enjeux majeurs pour le pays, au-delà de l'intrigue proprement dite. Mais cela est peut-être (et sans doute) dû à la volonté de refaire vivre une époque dans laquelle la hiérarchie familiale constituait une composante essentielle de la société indienne.
Comment ne pas s'attacher au mystérieux voleur ? Il possède un charme fou mais ne semble pas s'en émouvoir. Évidemment… puisque ses préoccupations sont ailleurs ! Remettant Haydée en place à plusieurs reprises, avec justesse et dignité, sans jamais se soumettre malgré la peur – liée à son effroyable secret – qui le tiraille, il réussit à faire vaciller les certitudes (entre autres…) de la jeune femme.
Les domestiques, les gardes font également progresser l'intrigue de façon significative. Rose Morvan offre une belle part à l'ensemble de ses personnages – entre force et fragilité –  qui pourraient d'ailleurs être lus comme des figures ou archétypes.
Les domestiques, les gardes font également progresser l'intrigue de façon significative. Rose Morvan offre une belle part à l'ensemble de ses personnages – entre force et fragilité –  qui pourraient d'ailleurs être lus comme des figures ou archétypes.

Deux épilogues viennent clore le roman. L'histoire se poursuit, bien après celle de la princesse Haydée et de sa famille, sans pour autant révéler tous ses secrets…
La Perle de Pondichéry est un roman difficile à lâcher une fois commencé. Malgré les petites réserves que j'ai pu émettre, l'auteure réussit à laisser toute la place à l'imaginaire du lecteur et c'est particulièrement appréciable.

Lien : http://lecalepindunelectrice..
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