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Critique de Artelode


Une palette d'émotions, entre douleur et douceur !
Durant huit ans, Steredenn a partagé sa vie avec un homme violent. Entre la première gifle, survenue lors de leur cinquième anniversaire de mariage, et les coups de couteau qui ont failli lui coûter la vie, Stederenn a vécu une véritable descente aux enfers. Si le récit commence à l'hôpital, cette sombre période est évoquée en filigrane tout au long du roman. Paul, son ex-mari et bourreau, n'est présent – véritablement et physiquement – qu'au cours de son procès, mais il emplit l'espace et le temps. Dans les dessins d'Aurégane tout d'abord, puis lors des flashbacks – souvenirs de Steredenn, qui évoquent la montée en puissance de la violence, les différentes phases d'un cycle qui lui a permis d'asseoir sa domination et d'entretenir son emprise : le climat de tension, les humiliations et agressions multiples, les justifications et les lunes de miel… Autant de stratégies pour isoler et affaiblir.
Cette superposition entre le passé et le présent a pour double effet de mettre en lumière certains événements pour nous – lecteurs – et ainsi de mieux comprendre les réactions de Steredenn et, du côté du personnage, de raviver sa souffrance mais aussi de la mettre à distance.
Pourquoi et comment Steredenn a-t-elle pu supporter l'insupportable ? Cette question mérite d'être posée et, il faut bien l'avouer, elle m'a brûlé les lèvres plus d'une fois. Une renaissance n'apporte pas de réponse formatée. C'est de façon délicate et touchante que Rose Morvan, aidée de ses propres personnages (l'avocate, l'employée de l'association, la soeur de Gwendal, l'amie de Steredenn et même ses enfants…) qui semblent également relayer Steredenn dont les mots manquent parfois, nous fait comprendre, à travers la fiction, la dynamique de la violence conjugale. Ce qui est remarquable dans ce récit, c'est qu'il n'est pas moralisateur. Il nous pousse à la réflexion avec une grande douceur.
À plusieurs moments de l'histoire, quelques lignes efficaces de l'auteure dévoilent et saisissent les moments de crise, l'angoisse et le désespoir de la jeune femme.
De telles crises surviennent à des moments improbables, laissant les autres protagonistes dans l'incompréhension et avec un sentiment d'impuissance.
J'ai été particulièrement émue par la force de Steredenn et par l'évolution de sa relation avec Gwendal. Un havre de paix se dessine lentement, remplaçant peu à peu l'horrible toile de fond par l'espoir d'un recommencement, d'une vie nouvelle que la jeune femme est bien décidée à croquer à pleines dents. de nombreuses scènes – petites bulles salvatrices et protectrices, moments de vie doux et pétillants de la vie quotidienne – permettent une vraie respiration. Steredenn est portée par les sourires et les rires de ses enfants et par l'attention particulière que lui porte Gwendal – personnage masculin très attachant. Certes, celui-ci ne comprend pas tout. Pas tout, tout de suite. Et pour cause, l'histoire de la jeune femme lui parvient par bribes, parfois même de la bouche des enfants. Il lui manque parfois les clés essentielles et il lui faudra du temps pour assembler les pièces du puzzle. Mais il possède une véritable intelligence des situations. En dépit du caractère inédit des moments vécus, en dépit de ses maladresses et de ses failles, il apprend et cherche des solutions, consciemment ou inconsciemment. Toujours avec un comportement vrai et une honnêteté qui a le don de déstabiliser la jeune femme, si peu habituée à de telles qualités…
Le titre du roman est très bien choisi car il évoque un processus plus qu'un état, ce qui correspond tout à fait à l'esprit du roman. L'immobilisme n'entre pas, en effet, dans le portrait de Steredenn. J'ai aimé cette renaissance qui m'est apparue, finalement, comme une renaissance plurielle. du côté de Steredenn, il s'agit de la reconquête de soi – physique, affective et psychologique. Artistique aussi, car elle est illustratrice de livres pour enfants. le roman peut également et dans le même temps se lire comme la renaissance de plusieurs personnages : celle de Steredenn, bien sûr, mais aussi celle de ses enfants ou de Gwendal. Sans compter la fin que je ne dévoilerai pas…
La plume de l'auteure, juste et subtile, nous emmène loin des traditionnels clichés. La fiction permet à la fois d'aborder un sujet difficile – celui de la violence conjugale – et, de façon assez inattendue, de prendre une certaine distance – presque apaisante. Tout cela grâce à une écriture fluide, une architecture du récit parfaitement maîtrisée et un délicat dosage des dits et des non-dits. le roman est totalement prenant.
"Une renaissance" est une jolie découverte et je ne peux que vous conseiller de lire cette histoire qui serre et ouvre le coeur à la fois, sans jamais tomber dans la facilité. Les thèmes de la descente aux enfers et de la reconstruction, thèmes littéraires par excellence, en font un récit poignant que chacun – femme ou homme – est libre de s'approprier, à sa manière. Hommage aux femmes victimes de violence conjugale, il est aussi un hymne à l'amour, à l'enfance, à l'espoir et au rêve.
Un COUP DE COEUR pour ce roman empreint d'une infinie tendresse.
Lien : http://lecalepindunelectrice..
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