Ils nous parlaient de choses et d'autres, mais il y avait dans leurs regards, ou dans l'air, quelque chose d'indéfinissable qui m'inquiétait.
Les scellés furent apposés, interdisant toute entrée, et la maison sombra dans la nuit et le silence des lieux désertés par la vie.
Rien de plus navrant que de voir des enfants souffrir. Par les temps qui courent on ne peut, hélas, faire autre chose pour soulager les souffrances que d'exprimer des souhaits...
Les semaines qui suivirent ne furent jamais plus comme avant. Nous vivions désormais encore plus proches les uns des autres, mais avec une sensation d'absence et de solitude permanente.
La Terre devenait sable mouvant.
Tout le monde fut réveillé, sauf nous, qui dormions profondément, comme seuls les enfants dorment.
Ce fut comme une fête, c'était la fête d'être encore tous ensemble.
Les jours passaient... et la vie chaque jour devenait de plus en plus incertaine.
La vie était douce et agréable, sans que j'en aie la moindre conscience.
En Allemagne, Hitler, parvenu au pouvoir depuis plusieurs années, avait créé un parti politique unique et autoritaire, constitué d'hommes fanatiques, qui étaient les nazis. Les SS à l'uniforme noir orné du sinistre insigne à tête de mort en représentaient "l'élite", définie par sa devise: "Sang, sélection, dureté". Elevés par eux-mêmes au rang de surhommes, ils obéissaient aveuglément aux ordres de leurs chefs, théoriciens du pire, dont le but était la conquête de l'Europe, désormais exploitée à leur seul profit, et d'où seraient éliminées les races qu'ils considéraient comme inférieures, méprisables et nuisibles.
Ma mère, qui attendait alors la naissance de ma petite sœur, était épuisée.