Chimères, tome 1 : Aphrodite

Thomas Mosdi nous invite dans la tête de son héros Daniel, tout juste sorti de l'hôpital psychiatrique. Un voyage entre la réalité et le fantastique, et qui lorgne méchament du côté de la folie. le lecteur ne saura jamais vraiment s'il est dans la réalité, un monde fantastique ou dans la tête du personnage principal car les 3 sont judicieusement entremếlés pour nous faire vivre le réel combat intérieur que doit mener Daniel face à ses démons qui l'ont conduit jadis vers la folie. le scénario est si bien ficelé qu'il est impossible d'affirmer avec ertitude que le héros est fou, guéri, qu'il replonge dans la maladie mentale, ou qu'il est bien l'instrument d'une histoire à la limite de l'imaginaire et qu'il ne comprend pas. Toutes les interprétations sont possibles et aucune ne peut surpasser l'une plus l'autre en l'état. Mosdi prend bien soin de nous livrer tous les éléments pour qu'on construise nous mêmes notre propre histoire. le tour de force est remarquable. Cela devient véritablement passionnant de se plonger à la recherche de tel ou tel indice ou indication qui nous permettrait de corroborer notre thèse ou notre version.
Personnellement j'y ai vu un homme traumatisé, aliéné et enfermé, puis "libéré" parce que jugé suffisamment responsable et lucide pour reprendre une vie normale toutefois accompagnée. J'y vois cet homme qui s'invente un monde imaginaire dans lequel tout est possible, autorisé, dans lequel il peut fuir, et donner libre cours à ses pulsions. un monde également nécessaire et indispensable à sa totale rémission, sa complète guérison. Ce monde est à double tranchant car il représente très clairement l'expression de ses pulsions, mais également une voie curative. Toutes ses "relations" avec une femme sont phantasmées et transposées dans ce monde imaginaire comme pour mieux les appréhender, apprendre à les gérer.
Ce premier tome est réellement passionnant tant par la profondeur du sujet abordé, qui laisse nombre d'interprétations possibles au lecteur selon sa propre conception de la maladie mentale, ou de sa sensibilité, que par la mise en oeuvre de l'histoire, qui oscille sans cesse entre réalité et imaginaire.