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Critique de ego_lector_


Lapvona est un village des côtes d'un moyen âge dark-féodal où les septentrionaux grands, blonds et forts sont les seuls venus d'ailleurs pour protéger Villiam le seigneur fantoche des lieux. Seule Ina, l'énigmatique vieille femme sorcière aux yeux de cheval semble comprendre ce qui se passe dans le fief aveugle de ce roi pécheur, où Marek et son père Jude gardent des agneaux.

Le roman s'ouvre sur la rapine, le meurtre et l'exécution d'un bandit, acte presque anecdotique dans ce lieu convoité au dehors, mais qui cristallise comme un point de convergence ou de départ, les incohérences de la vie du p'tit berger Marek, comme la pièce manquante d'un puzzle qui réunit tous les personnages, comme l'énigme à résoudre par le lecteur.

Il est aussi l'amorce du destin laissé-pour-compte de Marek. Quasimodo, Poil de carotte, Jean-Baptiste Grenouille, Schlingue n'ont rien à lui envier. Crasseux, difforme, battu, ignorant de la morale, Marek qui tète tout ce qui trouve ( je vous aurais prévenus) nous attendrit et nous répugne. C'est la trajectoire de ce personnage qui va traverser sa vie sans rien y comprendre, qui structure ce roman à la narration impeccable.

Ottessa Moshfegh tissent des fils qui créent l'énigme à résoudre, la quête identitaire, ou la fable biblique échouée dont l'inversion des valeurs provoque autant de ridicule risible que d'effroi ou d'indignation.
Elle joue avec les codes de notre imaginaire médiéval, et construit grâce à ses clichés les plus sombres – la peste, la famine, les viols, le prêtre incrédule et défroqué, le seigneur dévoyé plus cruel par habitude que par goût – un univers inquiétant redoutable qui se dérobe sous les pas des personnages chaque fois que ceux-là se croient sur le bon chemin.

L apvona est ce lieu « à part », sorte de huis-clos où personne ne semble plus venir comme « à l'époque où […] les commerçants et les pèlerins traversaient le village avant de rejoindre Iskria et Bordjijn ». Il n'y a pas de chemin sûr à Lapvona, même pour Jacob fils de Villiam qui porte pourtant de bons souliers.
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