Nous restions ensemble par un incompréhensible besoin de l'autre
Dans notre couple étrange - qui n'en était pas vraiment un -, tout était "irrationnel et dingue et absurde", mais quelque chose nous poussait l'un vers l''autre irrémédiablement : "le besoin des oeufs".
[...] je m'étais sentie dévier dès les premiers jours. Il diffusait un charme envoutant, désarmant.
Il y a toujours une période de la vie où la sensation de se trouver entre deux voies, entre deux horizons crée un vertige dangereux et enivrant qui agite les nuits, bouscule les certitudes et oriente la suite.
De quoi sommes nous coupables ? D'etre juifs . Oui , nous le sommes, malgré nous. La lignée de nos aïeux nous a faits juifs. Les millénaires ont couru jusqu'à nous et nous sommes nés juifs. Qu'y pouvons nous ? N'est ce pas aussi idiot d'accuser des Juifs d'etre juifs que d'accuser des humains d'être humains, le ciel d'etre bleu , l'herbe d'etre verte ?
Les grands discours ne sont que vanité, les silences laissent une empreinte bien plus nette.
On ne reste pas jeune longtemps. Les heures bénies de la peau de pêche et des longues nattes ne durent qu'une poignée de semaines, quelques minutes peut-être. Juste le temps d'humer le parfum de la liberté avant qu'il s’évanouisse à jamais.
Les souvenirs se patinent-ils quand on vend les maisons de famille ? Privés de leur ancrage, peuvent-ils continuer à enchanter le huis clos de la mémoire avec la même force ?
Il est facile de s'introduire dans la vie des gens, au fond. Du jour au lendemain, on pouvait (...) et se retrouver nez à nez avec la personne qu'on avait essayé d'oublier pendant vingt ans. Il y a des fantômes que des générations entières ne parviennent pas à enterrer. Ils reviennent , toujours, inlassablement. 139
Consigner c'est entretenir et garder espoir... c'est ne pas oublier les détails de l'histoire