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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Sacré roman ! A la fois ludique et intimiste, profond et inventif ... tellement surprenant que j'ai mis un peu de temps, désorientée, à y entrer vraiment, ne comprenant pas vraiment à quoi j'avais à faire ni à qui ... mais une fois bien ferrée, j'ai goûté ce festin aux notes surréalistes qui sait dire le monde.

Cela commence comme un récit simple et classique en mode vaudevillesque. Un écrivain à succès est en tournée promotionnelle à travers les Etats-Unis. Il sprinte nu dans les couloirs de son hôtel, pourchassé par le mari qui vient de le surprendre avec son épouse, conquête d'un soir. On rit et on continue à beaucoup rire lors de ses pérégrinations dans le pays flanqué d'une attachée presse caricaturalement new-yorkaise. L'humour est féroce et dézingue tout le barnum marketing à l'oeuvre pour vendre des livres. L'écrivain, en tant qu'Afro-américain, est quasi harcelé par des injonctions à avoir un point de vue sur les événements du moment, à savoir le meurtre d'un enfant noir tué par un policier blanc, alors que son roman semble complètement déraciné de cette question raciale. En fait, l'auteur ose quelque chose de fou : aborder la question du racisme par l'humour et la farce.

Dans cette ouverture tambour battant, quelques dissonances apparaissent. L'écrivain avoue qu'il aurait une maladie qui lui ferait confondre rêves et réalité au point de perdre complètement le Nord. Surtout, il y a des apparitions qui prennent la forme d'un ami imaginaire, un gamin noir.

L'étrangeté du récit croit à mesure qu'il avance, d'autant plus que se rajoute un autre personnage. Enchâssés dans le récit principal centré sur l'écrivain, des chapitres nous content l'histoire de Charbon, une enfant de Caroline du Nord ainsi surnommé à cause de sa couleur de peau d'un noir plus que profond. Il est harcelé, se replie sur lui-même en se réfugiant dans son imaginaire. Il veut ( et peut ? ) devenir invisible pour se sentir en sécurité dans ce monde de Blancs.

Les histoires de ces différentes personnages, l'écrivain, Gamin et Charbon, se construisent progressivement, convergent pour finir par brillamment fusionner. Il y a bien quelques sections un peu bavardes qui perdent un peu, mais la frénésie narrative de l'auteur est terriblement stimulante, surprenant le lecteur et finissant par le toucher profondément. C'est incroyable comme Jason Mott réinitialise les paramètres normaux de narration en créant un véritable tour de passe-passe méta-fictionnel.

L'Enfant qui voulait disparaître est une ingénieuse méditation sur le fait d'être noir aux Etats-Unis, explorant avec subtilité les thèmes rebattus de la violence raciste. Derrière le rire et les touches magiques, le roman est hanté par la mort, le chagrin et le deuil. Ce récit mortellement drôle et sérieux dressent un bouleversant bilan psychique du traumatisme racial en un portrait troublant de l'Amérique.

Lu dans le cadre de la Masse critique Fiction janvier 2022
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Les personnages de Jason Mott confondent la réalité et la fiction, sur le fil entre l'imaginaire et le monde. Cela permet au lauréat du National Book Award 2021 d'étoiler son roman de poésie, mais surtout de mêler habilement humour féroce, histoire poignante, réflexion sur la "négritude" et la condition d'écrivain, achevant de nous cueillir par son final inattendu et grandiose (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/01/13/lenfant-qui-voulait-disparaitre-jason-mott/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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La tournée promotionnelle d'un écrivain afro américain s'inscrit dans une réalité à priori bien ordinaire qui va bientôt se transformer en une aventure peuplée d'incertitudes, de fantaisie et d'humour. Une façon très originale d'aborder les relations encore structurellement tendues entre les communautés noire et blanche des États unis en rendant la gravité plus légère. Qui sont le « gamin » et « charbon », tous deux jeunes noirs stigmatisés au point de vouloir disparaître ? La frontière entre le contenu du livre promu, la propre histoire de l'écrivain et les apparitions qui le hantent est volontairement floue pour renforcer le discours et entretenir l'intérêt du lecteur. Cette histoire poignante, entre réalité et fiction est à la fois une réflexion sur la négritude et sur la condition d'écrivain qui mérite qu'on la recommande vivement à notre communauté de lecteurs.
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Jason Mott écrit que son nouveau roman est une histoire d'amour, rien d'autre. C'est surtout une incroyable immersion dans l'intimité d'un être humain qui, en permanence, ne se sent pas en sécurité. La peur est une émotion. Gérer cette émotion dévorante est un combat angoissant. La solution proposée par le narrateur est traumatisante. Je vous préviens : Vous ne pouvez pas sortir indemne de cette histoire. Quand vous refermez le livre, la peur est sous votre peau. Et pourtant, ce magnifique roman est lumineux et poétique. Avec des mots déchirants, il vous fera vivre l'enfance magique d'un enfant merveilleux et attachant.
L'histoire :
Un écrivain noir américain fait la connaissance d'un enfant à la peau si sombre qu'on le surnomme Charbon. D'abord rencontré dans la salle à manger d'un grand hôtel, le gamin d'une dizaine d'années réapparaît à chaque étape de la tournée et raconte sa vie, ses parents et leur idée folle : le pousser à devenir invisible pour ne pas avoir à subir le destin que sa couleur de peau lui réserve. L'enfant existe-t-il vraiment ? Affecté d'un étrange mal qui l'empêche de distinguer la réalité du produit de son imagination, l'écrivain serait bien incapable de le dire. Mais réelle ou fantasmée, cette rencontre va remettre en question son rapport à sa propre histoire, à sa condition et lui faire admettre une cruelle évidence : être noir aux États-Unis signifie vivre sous une menace constante. Comédie féroce, tragédie déchirante, manifeste contre la peur, l'oppression et les violences policières, L'Enfant qui voulait disparaître est tout cela à la fois.
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C'est un récit déstabilisant, féroce et drôle. le narrateur fait la promotion de son roman qui porte le même titre que celui qu'on est en train de lire... Un jeune garçon lui apparaît et disparaît : est-il réel ? le personnage peut paraître loufoque mais cette impression s'efface au fil des pages, pour laisser place à sa profondeur et à sa tragédie. Que Jason Mott a dû chuter lourdement et se relever bien des fois pour écrire une telle histoire !
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Un écrivain en tournée promotionnelle pour son dernier livre, "un livre d'enfer" (titre original du roman, Hell of a book"), rencontre un gamin, noir de peau comme jamais. Tellement noir de peau que c'en est troublant. Sauf que cet écrivain souffre d'une maladie qui ne lui permet pas de distinguer s'il discute avec des vraies personnes ou des amis imaginaires. le gamin apparaissant n'importe quand et n'importe où, il n'est pas réel. Il a été réel et vient d'un fait divers, dont tout le monde parle en ce moment, mais auquel l'écrivain ne prête pas attention. Cette rencontre trouble l'écrivain, qui s'aperçoit que lui aussi est noir de peau. Pas autant que le gamin. Mais avant, son agent lui avait dit de ne pas le mettre en avant. Il y a beaucoup de similarité entre son histoire et celle du gamin. A tel point qu'on se demande si le gamin n'est pas une version de l'auteur jeune.
Tout le livre repose sur cette mise en abîme : un écrivain qui vient d'écrire un livre, qui ressemble à celui qu'on lit, mais qui ne peut pas l'être. Un écrivain et un personnage.
Cela traite à la fois de la création littéraire, du métier d'auteur. Et surtout de la condition des noirs aux Etats-Unis. Car ce qui est arrivé au gamin n'est malheureusement pas un fait unique. Et bien que ses parents aient voulu l'élever en le protégeant du danger, nul ne peut échapper au malheur de la condition des noirs aux Etats-Unis. Les parents du gamin auraient aimé qu leur fils puisse se rendre invisible pour échapper au danger. le gamin a cru y parvenir. Mais ce n'était pas suffisant.
Une pépite.
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Un écrivain afro-américain part en tournée promotionnelle pour son roman "L'enfant qui voulait disparaître". Pressé par son agente, il s'acquitte laborieusement de sa tâche. Auteur non engagé, un peu submergé par un imaginaire débordant, il échange parfois dans son esprit avec un étrange personnage. La réalité le rattrape néanmoins : un drame a eu lieu dans sa ville de naissance, Bolton, en Caroline du Nord. Un policier a abattu un jeune garçon noir suite à un contrôle de routine. Parce que son agente veut exploiter de manière sordide cette tragédie, elle l'envoie sur place rencontrer la mère de l'enfant. Mais l'écrivain réalise petit à petit que ce jeune garçon assassiné et l'être imaginaire avec qui il dialogue sont peut-être une seule et même personne. S'éveille alors en lui la conscience de ce que signifie être afro-américain aux Etats-Unis.
Jason Mott nous livre un roman poignant et magistral sur le racisme. Par le mélange des genres et des registres - réalisme magique, auto-fiction, critique sociale - il donne au texte sa profondeur, son mystère, et une complexité qui rendent cette lecture mémorable. La fin du récit, qui laisse entrevoir une note d'espoir, évoque les vers de l'écrivaine et militante Maya Angelou : "Des taudis honteux de l'Histoire / Je m'élève / D'un passé pétri de souffrance / Je m'élève / Tel un océan noir, bondissant et immense / Débordant, grossissant, je porte la marée"
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