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Critique de 5Arabella


Incendies est la deuxième pièce d'une tétralogie, le sang des promesses. Elle est créée en 2003 et paraît la même année. Elle a connu plusieurs autres mises en scènes depuis sa création.

Nous sommes au Canada. Une femme, Nawal Marwan, vient de mourir. Hermile Lebel, le notaire qui a été son ami, lit son testament à ses enfants, Jeanne et Simon, qui sont jumeaux. Au-delà de la transmission de biens, Nawal charge chacun de ses enfants d'une mission : pour Jeanne ce sera remettre une lettre à son père, que tout le monde pensait mort, et pour Simon remettre une lettre à son frère dont il ignorait l'existence. Ce sera l'occasion pour l'un comme pour l'autre, de refaire un voyage dans le pays natal de leur mère, qui sans être nommé, ressemble au Liban, et surtout dans son passé, et donc dans leurs origines, dont ils vont vite comprendre, qu'ils ignoraient la plus grande partie. Il s'agit aussi, au-delà de rentrer dans l'histoire du pays de naissance de leur mère, de rentrer dans le processus de guerre civile, de violence, de haine, de destruction et de chaînes de meurtres.

La pièce est extrêmement complexe, puisque plusieurs époques se télescopent, parfois dans la même scène deux moments de l'histoire sont présents en même temps . Nous suivons Nawal depuis ses 14 ans jusqu'à sa mort. Les personnages sont dessinés, avec chacun sa personnalité, mais beaucoup d'éléments dans leurs vies restent en partie généraux et abstraits, et évoquent la situation historique au-delà de leur cas propre. le contexte est très complexe, Wajdi Mouawad ne raconte pas à proprement parlé la guerre, les différents camps en présence ne sont pas nommés par exemple, il y a des combattants, des affrontements, mais il ne nous dit pas qui combat qui. Ce qui vise d'une certaine manière à une forme d'universalité. Et qui rend impossible de désigner les bons et les méchants : chacun à son tour est victime et bourreau, dans des enchaînements de violence de vengeances, un engrenage sans fin. Même Abou Tarek, le terrible bourreau, est devenu ce qu'il est par un enchaînement de circonstances, la perte de sa mère, les divers expériences qu'il a vécues, ont provoqué ses comportements inhumains. Il ne peut y avoir de gagnants dans le processus de guerre, tout le monde perd à un moment ou un autre son humanité dans le processus en cours.

C'est une pièce puissante, d'une construction très élaborée, intégrant histoire, mythe, destin de l'humanité, dans un projet ambitieux et tenu de bout en bout. Impressionnant.
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