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Critique de hanyrhauz


Être mère, c'est difficile. Être mère d'un jeune adulte c'est encore plus difficile. Être mère d'un jeune adulte qui se pique d'écriture et vise le Goncourt, c'est pire que tout.
C'est ce qui arrive à La Bogue (elle a autant de piquant que l'enveloppe de la châtaigne). Elle qui vivait un amour fusionnel avec son petit Charly se voit reléguée au rang de mère envahissante, supplantée par l'éditeur parisien et la bulle éditoriale qui fait briller les yeux de son fils.
Charly a écrit une autofiction (pire plaie du XXIe siècle à en croire Sophie la bibliothécaire, mais j'y reviendrai), où Chandoiseau et ses 14 habitants (qui se connaissent trop bien et se détestent donc cordialement) se trouvent sous le feu des projecteurs et n'apparaissent pas sous son meilleur jour. Quoi de mieux qu'un ennemi commun pour souder une communauté ?

Ce roman est un bonbon littéraire. Bien sûr, je ne pourrais pas en faire mon quotidien mais quel plaisir de lecture ! Dans tout ce marasme ambiant un roman drôle, enfin, c'est salutaire !
Le contexte où le petit monde des lettres est moqué de toute part ravira forcément ceux qui connaissent un peu les coulisses de l'édition. Les personnages, aux traits un peu forcés, certes, sont un régal. La Bogue m'a fait penser par certains aspects à Berthe, merveilleux personnage de Mamie Luger. Mais surtout, surtout, oui surtout Sophie, la bibliothécaire. Bien souvent, l'évocation de cette profession se limite à une vieille dame, jupe droite, chignon serré et lunettes autour du cou (avec un cordon). Alors, je ne boude pas mon plaisir quand je découvre cette jeune ayatollah du désherbage qui dit stop à la méthode IOUPI pour proposer BISOU (et c'est plutôt un baiser de la mort, vu le nombre de livres qu'elle passe à la broyeuse), qui hait l'autofiction, a perdu toutes ses belles illusions, se retrouvent en gestion d'une tisannerie et d'un espace photocopie, désespérant de voir son coup de coeur enfin entre les mains d'un lecteur.
Il n'y a pas une scène à la bibliothèque un peu moins drôle.
Finalement, elle réussira à faire lire à La Bogue un livre sur Madame Rimbaud, mère d'Arthur, bien loin de son sempiternel recueil de citations indiennes.
Parce que ce roman est surtout un bel hommage à la littérature, aux mères d'écrivains prêtes à planter une glycine pour que leurs rejetons disent vrai dans leurs écrits. Mais aussi au quotidien que la littérature bouleverse.
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