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Critique de H0rage


H0rage
01 septembre 2019
L'enchanteur Mourlevat nous entraîne avec ce roman du côté de la dystopie pour un incroyable voyage dans un monde où les Terriens sont des êtres méprisables, vils et dégoûtants. Pensez donc : ils respirent !! Ils rient (ce qui est très inconvenant, dans ce monde-ci on cliquette), ils pleurent, ils toussent, ils tombent malades, ils mangent de la quiche lorraine, ils mettent au monde des enfants (le comble de l'horreur apparemment) … Enfin bref, toutes ces choses qui ne risquent pas d'arriver dans le monde aseptisé qui nous est présenté ici. Mais quand même, certains hauts dignitaires de là-bas n'aiment rien tant qu'une petite captive humaine pour leurs longues soirées d'hiver (enfin façon de parler, parce que là-bas il n'y a ni vent, ni pluie, ni neige, ni saisons … ni rien). Alors pour tromper l'ennui, ils envoient des chasseurs ramener une blonde, une brune, une rousse, selon l'envie du moment. C'est ainsi qu'a disparu la rousse Gabrielle Collodi. Sa soeur Anne, après avoir cru l'entendre à la radio, part à sa recherche et découvre ce monde parallèle. Commence alors une incroyable odyssée qui va la mener de Campagne à Estrellas, la ville où l'on meurt, en passant par Lorfalen où sa soeur est retenue captive. Sur sa route on croise Etienne Virgile, un vieil écrivain en panne d'inspiration, Mme Stormiwell, passionnée par tout ce qui est terrien, qui initie Anne aux particularités ce monde. On croise également Bran et Torkensen, deux hybrides (nés d'une captive humaine et d'un habitant du monde parallèle) qui vont aider Anne à retrouver Gabrielle (Bran l'aide même tellement bien qu'ils finissent par tomber amoureux).
L'histoire est incroyable, la narration exigeante (succession de chapitres du point de vue des différents personnages, et pas tout le temps à la même personne). La construction est ici résolument fantastique, puisque que le roman s'ouvre sur un décor particulièrement réaliste (avec force évocation de villes de Loire).
On progresse dans une société sans saveur, sans odeur, sans couleur, où l'on meurt littéralement d'ennui un jour, où tout est décidé à l'avance (votre métier, votre “compatible”), où tout est sous contrôle jusqu'à votre mort, un “Meilleur des mondes”. Et puis un jour, on monte dans un train, encadré par des soldats, et on va gentiment se faire cramer à Estrellas, ville recouverte d'un couvercle de cendres. Difficile de ne pas y voir une allusion aux fours crématoires. J'aime beaucoup les dystopies, ce qu'elle nous révèle de notre monde tout en le mettant à distance.
C'est la seconde fois que je lis ce roman, et je le redécouvre encore une fois avec émerveillement. La magie Mourlevat a encore une fois opéré.
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