D’où la figure du stratège romantique qui sert de fil à plomb à cette série d’essais pluriels et qui symbolise – à travers les contradictions et tensions mêmes qu’elle peut évoquer – l’importance de ces révolutions à effectuer dans le domaine de l’existence et de l’agir collectif
C’est là le point de départ de cet essai : le temps, la vie et la mort, le désir, en somme ce qui reste toujours à l’horizon de l’existence humaine individuelle, ne faut-il pas, dans un tel contexte, y prêter plus d’attention qu’on ne le fait habituellement, en particulier lorsqu’on se situe à gauche ?
Car si le stratège sait que l’univers se reconnaît au fait qu’il est d’abord façonné de luttes et de combats (« le combat est père et roi de toutes choses », disait Héraclite !), il est aussi capable d’embrasser les horizons lointains et de porter la vue au loin, en ne se laissant pas enfermer dans le particulier et en tendant à l’universel.
La régulation néolibérale aujourd’hui à l’œuvre ne consiste en effet pas simplement à réorganiser sur le plan économique le capitalisme en le délestant de toutes ses régulations et limitations passées. Elle consiste aussi à proposer positivement un nouveau mode de régulation de la vie sociale prise dans son ensemble, mais pensée à partir de la seule figure de l’individu, et plus particulièrement de l’individu entrepreneur
Le présent ne revêt du sens que parce qu’il est relié au passé et qu’il peut ainsi préparer l’avenir, le réouvrir au devenir, à la vie et à ses possibles
Révélant ainsi que la racine du religieux se trouve en fait hors du religieux et que ce n’est donc pas dans le domaine du religieux qu’il faut d’abord agir si l’on souhaite en voir dis- paraître les traits les plus problématiques
En fait, si l’on veut comprendre le fait religieux de manière globale et dans toutes ses dimensions contradictoires, on doit être capable de le mettre en perspective, de le replacer dans son contexte historique et social, seule manière d’en apprécier les potentiels aliénants ou libérateurs
imaginer cette nouvelle lutte sociale et politique sur le mode de la constitution/reconstitution d’un pouvoir contre-hégémonique chaque fois plus présent au sein de la société contemporaine…
Non, la véritable radicalité aux temps présents consiste bien plutôt à reconstruire – sur la base de toutes ces oppressions et dépossessions prises soigneusement en compte – des liens pensés comme libérateurs, et par conséquent à reconstituer des forces collectives qui soient authentiquement émancipatrices et permettent de commencer à en finir pratiquement avec les oppressions et dépossessions qui continuent à nous hanter.